Terminé les escapades américaines pour le flic Nico Giraldi qui revient en Italie pour ce qui constitue peut être le film de transition vers la seconde grosse moitié de la saga. Ce sixième volet et déjà le seul dont le titre italien n'est ni Squadra Anti quelque chose (première période) ni Delitto quelque chose (seconde période), ce qui n'est pas qu'une anecdote sémantique. Même si le trio Corbucci/Amendola/Millian va continuer dans le même registre de cinoche populaire aux ingrédients assez immuables, Assassinio Sul Tevere est une tentative de whodunit à l'italienne avec un Nico plus enquêteur que jamais.
Dans Meurtre sur le Tibre (référence volontaire à Mort sur le Nil) nous allons donc suivre le maréchal Nico Giraldi qui doit résoudre une énigme meurtrières digne d'Aghata Christie. Après une coupure de courant qui a plongée la pièce dans le noir un homme d'affaire est retrouvé mort un couteau dans le dos alors qu'il était en pleine réunion avec d'autres magouilleurs plus ou moins respectables. Un homme modeste est aussitôt désigné comme le coupable idéal mais pour Nico qui souhaite l'innocenter le véritable meurtrier court toujours.
Malgré leurs tempéraments respectifs peu compatibles, l'idée de faire jouer les Columbo à Nico Giraldi n'était pas une mauvaise idée en soit mais l'écriture de ce Assassinio Sul Tevere s'avère bien peu convaincante. La profusion de suspects, de mobiles, d'alibis et de personnages pas assez caractérisés font que l'on a un peu du mal à s'y retrouver, d'autant plus que l'on sent que le film s'amuse à brouiller les pistes pour que Nico puise briller en révélant toute la vérité lors du dernier quart d'heure. Le plaisir d'un bon whodunit est souvent pour le spectateur d'essayer de trouver le coupable lui même mais dans le cas présent l'écriture un peu évasive et prétexte à resservir le cocktail bastons, humour, danses, courses poursuites et bons mots n'invite pas vraiment à se plonger dans les méandres de l'enquête (ce qui n'empêche pas de griller le coupable assez vite). Après six films, outre les redondances et tics d'écritures, commence tout de même à se dessiner les contours d'une vague dimension sociale et politique qui rattachent malgré sa légèreté la saga Nico Giraldi aux poliziottesco. Ancien délinquant avec une mère prostituée et dont on apprends dans ce volet que le père était aussi un voleur, Nico Giraldi n'a finalement de cesse que de protéger des petits truands issus de la rue comme lui face à une criminalité en costards bien repassés et cols blancs autrement plus malsaine et dangereuse (maffieux, politiques et hommes d'affaires). C'est donc fort logiquement que dans cet épisode (tout comme dans celui qui suivra) il tente d'innocenter un type modeste condamné à la place d'un autre du fait de son statut social.
Pour le reste on retrouve les mêmes ingrédients à tel point qu'il est difficile de critiquer les différents films sans avoir la sensation de toujours se répéter un peu. Si dans l'ensemble les castagnes de ce volet sont un peu moins comiques elles sont également assez brouillonnent et pas très spectaculaires. Les cascades et poursuites sont elles bien plus convaincantes, Bruno Corbucci utilise avec parcimonie quelques ralentis plutôt bien emmenés et impossible de ne pas avoir un petit frisson de nostalgie lorsque Nico sur une musique de Carlo Rustichelli aux accents de Sergio Leone se lance dans une poursuite sur un cheval avec un fusil à la main comme dans les grandes heures du western spaghetti. Même si il reste un dragueur et un latin lover machiste invétéré Nico Giraldi semble aussi sur le point de se ranger avec sa rencontrer avec la belle et volcanique Angela Santi (interprété ici par Roberta Manfredi avant d'être remplacée pour les suivants par Olimpia De Nardo) avec laquelle il finira même par se marier. Second rôle déjà présent dans Un Flic Très spécial, Nico l'Arnaqueur et Brigade Anti-Mafia le personnage purement comique de Franco Venticello Bertarelli semble devenir avec ce volet un personnage récurrent de la saga. Interprété par le comédien Bombolo avec sa trogne improbable de Paul Presboit qui aurait mangé Michel Galabru et digéré les mimiques plaintives de Stan Laurel , le personnage est une véritable tête à claques vu le nombre de gifles qu'il reçoit par film et un pur faire valoir de comédie pour Tomas Milian. Passage obligé également, la petite scène de danse habituel de la saga nous permettra de voir Tomas Millian en tenue à paillettes rouges se prendre pour John Travolta dans une séquence complètement gratuite par rapport à l'histoire franchement amusante.
A la fois un peu pareil et légèrement différent ce sixième volet des aventures de Nico Giraldi reste un bon divertissement même si il passe globalement à côté de son concept de Whodunit à l'italienne.