Requiem for a team.
Ecoutez plutôt : C’est un petit rythme sec, 6 coups narquois, méchants comme les 70’s en train de mourir. Un assénement teigneux, qui ponctue le ballet des voitures et le silence des gangsters...
le 1 oct. 2015
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C’est un petit rythme sec, 6 coups narquois, méchants comme les 70’s en train de mourir. Un assénement teigneux, qui ponctue le ballet des voitures et le silence des gangsters mutiques, dans l’attente d’une nappe synthétique grasse et volubile, celle du sang qui se mêle à la crème glacée d’une fillette.
Tout est là : trêve de parole, le mal est fait, et le récit choral qui se met en place ne cesse de chanter des épilogues : la vengeance des compagnons morts, les condamnés à la chaise électrique, et la figure elle-même de l’autorité, le commissariat, sur le point de fermer. Napoleon Wilson l’avait annoncé : “It's an old story with me. I was born out of time.” Tout n’est que convergence vers cette nuit totale, sans téléphone, ni électricité, où la violence va s’installer avec la jubilation imparable de ce tactactactactactac lancinant.
Il ne s’agit pas de faire dans le crédible : certes, le motif du bâtiment représentant la loi et assailli par ses opposants est un topos cinématographique, dès les séminaux Rio Bravo ou Fury. Mais ici c’est avant tout un motif visuel : comme dans le génial Die Hard, il s’agit d’explorer tous les potentiels d’un lieu destiné à la destruction : les assaillants anonymes s’enchainent comme dans un film de John Woo, les cadavres s’empilent, et on tire dans le tas.
Carpenter est un puppet master, et s’en donne à cœur joie. Les motivations sont opaques, seule la réaction importe : à mesure que les cloisons se criblent de balles, la résistance s’organise. Mais, et c’est là la spécificité de ce film, les camps importent peu : les pourris sont aussi à l’intérieur, et même si les thèmes de circonstances s’échafaudent (l’héroïsme du lieutenant fidèle à sa mission, la rédemption, voire l’amour), tout n’est qu’ébauche, et le charme des personnages réside avant tout dans leur impassibilité, au premier rang desquelles on place celle de Laurie Zimmer, marmoréenne et aussi douée dans son regard perçant qu’à la gâchette.
Alors, qu’importe la linéarité, la lenteur étrange de certains affrontement, l’aspect gentiment fauché de toute cette entreprise, y compris dans sa façon de conclure. Carpenter en a vu d’autres, et nous donne à voir ce qu’il sait le mieux gérer : une expérience close dans laquelle ses cobayes se débattent, laboratoire qui prendra toute son ampleur dans le grand film à venir, The Thing.
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le 1 oct. 2015
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