• Astérix et Obélix, c’est un parc d’attractions, 15 jeux vidéo, 10 dessins animés et 4 films. Astérix fut la star du magazine « Pilote ». Celle-ci est de plus en plus sollicitée dans les années 60. Ce personnage devint la mascotte durant les années des 30 glorieuses. A l’instar des supers héros aux Etats-Unis, Tintin en Belgique, nous avons Astérix en France. La fièvre est lancée et ne s’arrêtera pas depuis plus de 50 ans.
  • L’aventure « Astérix et Cléopâtre » fait appel à des éléments présents pour rappeler des époques passées. Il y a une analyse comique et une évolution des mœurs de la société française, notamment concernant la perception des français à propos des étrangers.
  • Revenons à l’événement cinématographique titanesque de 1963 : Cléopâtre. Ce film mettra la Fox sur la banqueroute et donnera des idées à Uderzo et Goscini pour l’élaboration de sa future bande dessinée « Astérix et Cléopâtre », le sixième volet. Tiré seulement à 6000 exemplaires à la base (devenant leur plus grand succès : 1.000.000 d’exemplaires vendus) et s’exportant très bien sur le plan international. Parmi les fans, c’est l’une des meilleures références du petit gaulois. La personne osant cet affront de se frotter au jeu de l’adaptation historique, risquera fortement de se brûler les ailes. Mais deux le feront, à savoir Alain Chabat et le studio Belvision (basé en Bruxelles) spécialisé dans la réalisation de bandes dessinées (La panthère rose, Tintin et Milou, Lucky Luke ou Les Stroumpfs). Belvision adaptera de nombreuses œuvres en dessins animés en 1968. Leur plus grand succès arriva le 19/12/1968, soit trois ans après la sortie de l’album : « Astérix et Cléopâtre » fera 2.000.000 d’entrées. Il détrônera « L’affaire Thomas Crown », « Rosemary’s baby », « La planète des singes », « Le lauréat » ou encore « Bonnie and Clyde ». La rencontre avec le public tient à sa qualité graphique réussie pour l’époque et sa fidélité à la bande dessinée. Ce film d’animation est conventionnel. De plus, Uderzo et Goscinni ont supervisé et veillé à la réalisation du dessin animé afin de ne pas trahir leurs protagonistes et l’esprit de leur création.
  • Faisons un petit flash-back rapide sur la première adaptation live action « Astérix et Obélix contre César » en 1998 :
  • Budget du film : + 42.000.000
  • Recettes monde : + 100.000.000 de dollars
  • Entrées en France : un peu moins de 9.000.000
  • Conclusion : les chiffres sont plutôt bons et encourageants. Un second projet sera donc prévu par la suite. Il se fera dévorer par le second.
  • Claude Berri ayant les droits pour cette franchise a voulu une suite aux aventures d’Astérix et Obélix. Cette fois-ci, la donne a changé et les cartes ont été remaniées totalement (exit le lissage des personnages et bonjour le grain de folie) : Les partenaires seront hexagonaux. Il n’y aura pas de coproduction avec d’autres pays. Alain Chabat sera désigné comme réalisateur et signera le second volet « Astérix et Cléopâtre mission Cléopâtre ». Il réunit des acteurs et actrices de tous horizons (Monica Bellucci, Jean-Paul Rouve, Edouard Baer, Dieudonné, Gérard Darmon ou Jamel Debbouze la véritable star du film). L’attention du public est démesurée à l’image du film avec Elisabeth Taylor. Le budget de ce film est gigantesque : 50.000.000 euros. Le plus gros budget ira pour le suivant « Astérix et Obélix aux jeux olympiques » avec 78.000.000 €.
  • Ce pari risqué sera gagnant : 14.5 millions d’entrées pour le second film d’Alain Chabat après le truculent Didier. Il se placera à la 9ème place après « Les 101 Dalmatiens » (Disney sorti en 1961 – classement provenant du site internet Allociné du 7 Avril 2008) en termes d’entrées au box-office. Son positionnement fait de lui film légendaire. Cependant, son inexportabilité et son humour français ne pouvant cartonner qu’en France. Le résultat est prévisible : 110.000.000 de dollars de recette partout à travers le monde. L’humour français n’a pas su convaincre les étrangers, seul petit bémol de ce film. Il ne faut pas avoir honte non plus puisqu’il est 4ème plus grand succès en France (après Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchables, La grande vadrouille et devant Les visiteurs). À ce jour, il représente le plus grand projet titanesque et génial de 30/01/2002. Il connaîtra deux suites : Astérix aux jeux olympiques (une purge totale soyons franc et un film mal maîtrisé dans la démesure) et Astérix et Obélix au service de sa majesté en 2012 (un retour manqué, plus fidèle, plus sage et plus drôle : l’épisode reste néanmoins poussif).
  • Le film d’Alain Chabat est un réalignement total d’une œuvre de plus de 40 ans. Mais également un réarrangement de l’œuvre pour coller à son époque et de la société évoluant avec son temps (avec l’émergence de l’humour avec Jamel Debbouze, les Robins des bois ou encore la présence des Nuls avec Chantal Lauby en cartapuce espionne hilarante : l’humour de Canal plus). Cet anachronisme humoristique s’appuie sur le même système (parodie, détournement réfé rentiel de longs-métrages comme Star Wars, Titanic, Jurassic Park, Cyrano de Bergerac ou à certains repères du quotidien consumériste en 2000 comme Itinéris). Analysons ce référentiel et les dialogues humoristiques :
  • La subtilité du dialogue en référence à la poésie
  • Jamel Debbouze dira au Druide : « Je suis, mon cher ami, très heureux de te voir ! »
  • Le Druide répond : « C’est un alexandrin ! ». Le mot Alexandrin est une référence à la ville dont il est originaire mais aussi à la phrase prononcée contenant 12 syllabes (= alexandrin).
  • Le dessin des deux Gaulois a été réalisé par Uderzo lui-même lorsque le pirate le brandit à sonéquipage provenant de la BD « Astérix chez les Goths » où Astérix et Obélix sont cherchés par les Romains.
  • Les pirates naufragés rappellent le tableau du radeau de la Méduse. C’était le cas dans la BD « Astérix le légionnaire ».
  • Itinéris avec l’annonce des deux messages et le problème de captation de réseau.
  • La revendication politique : loi des 35 heures de Martine Aubry.
  • Le personnage de bande dessinée Charlie habillé de bleu et un haut rayé (rouge et blanc).
  • Cyrano de Bergerac : « C’est un roc, c’est un cap, c’est un cap, c’est une péninsule » quand Obélix escalade une statue égyptienne et faisant tomber son nez.
  • Le petit clin d’œil sympa : le producteur Claude Berri très drôle s’offre un caméo dans le film en étant le portraitiste de Cléopâtre.
  • Les hiéroglyphes inscrits lors de la visite de la pyramide se traduisent ainsi : « Si vous pouvez lire ça c’est que vous êtes archéologue ! ».
  • La musique du professionnel quand Idéfix poursuit un Romain.
  • La référence au film Forrest Gump : « Cours, Astérix, cours ! » lorsqu’Astérix doit délivrer le message à la reine avec Idéfix à ses côtés.
  • « Quand on l’attaque, l’empire contre-attaque » avec la musique de Star Wars en fond de la réplique de Dieudonné.
  • Le doublage en chinois.
  • Faudrait pas croire que Cléopâtre m’ait dans le nez qui est joli d’ailleurs.
  • La phrase de la fin du générique est inventive et drôle : Et merci aux gens qui lisent les génériques jusqu’au bout (mais il faut rentrer maintenant, vous n’avez pas un chez vous ?)
  • Sinon que dire de l’ambiance, des décors et des costumes très travaillés et très beaux rappelant ceux des productions américaines (Egyptiens, Romains ou même Gaulois). L’objectif était de rendre le contexte historique crédible à l’image. Les décors représentaient à l’écran un dépaysement réussi (Malte pour les scènes aquatiques, Maroc et Epinay pour les scènes de studio). La transition entre le paysage de la Gaule (paysage froid, enneigé et une ambiance visuelle de paysans) et égyptien (tout devient plus grand, plus chaud) se fait à merveille nous faisant également voyager d’un pays à un autre. Il y a un réel travail minutieux sur les décors intérieurs : Qui dit Egypte dit pyramide ? Passage dans la pyramide avec les yeux blancs. Epoque aussi bien travaillée.
  • Les personnages principaux y compris les secondaires ont tous leurs répliques cultes. Ils sont en roue libre totale (Mais, vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n’est pas mon cas, comme je le disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu ; et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… Je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », eh ben je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain, qui sait, peut-être seulement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi… »). Le casting et l’équipe technique se sont éclatés : nous voyons de suite à l’écran que les acteurs se sont bien amusés. Alain Chabat dirige en main de maître ses acteurs avec une minutie exemplaire. Le combat attractif est ultra jouissif et divertissant (Tigre et dragon).
  • Il y a un bon rythme et un bon dosage entre action et humour. La mise en scène est totalement dingue. L’exemple flagrant est l’utilisation des rétroviseurs durant la course de char. En résumé, les répliques, les dialogues, le scénario et les références sont multiples et font que cette réalisation est digne d’une masterclass à tous les niveaux. Je suis absolument persuadée qu’un Français connaît au moins une ou deux répliques du film tellement elles sont cultes. C’est un vrai festival de dialogues cultes, subtils, drôles et percutants : du caviar au niveau de l’écriture.
  • La musique est un réel plus et atout. Ce long-métrage a été fait avec sincérité et non par pure spéculation commerciale. Il est le témoin humoristique de son temps dans les années 2000. Ce film est le plus personnel autant sur le plan visuel qu’humoristique avec une réappropriation des codes made in France by Alain Chabat. Quelques critiques parlaient du triomphe de l’écurie canal plus et un film pauvre sur le plan de la réalisation avec comme objectif de maximiser les rentabilités commerciales. Certes, l’œuvre est en partie dénaturée en faveur de l’univers burlesque et loufoque d’Alain Chabat. La lourdeur de certains gags de la BD avec le nez tombant de la statue laisse la place à l’humour Canal plus qu’à l’humour de la BD originelle. Le grand gagnant c’est Jamel Debbouze (gags, scène transitoire jusqu’au générique de fin).
Lili-Jae
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le 7 oct. 2022

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