Voilà une production étonnante, nanardesque, jouant de l'hyper-cliché geek et du cinéma de genre, encadré dans une ambience banlieusarde. On entre avec Astropia dans une relation étrange et ludique : on est à la fois spectateur et complice. D'une certaine manière, on suit - comme le personnage - une phase de formation qui s’incarne dans un passage du roman de gare à la table de jeu. Chaque étape est l'occasion de mettre en valeur les fondamentaux du jeu de rôle et de la culture nerd.
Si on y fait attention, cette dualité d'incarnation est le centre de gravité formel du film qui s'amuse autant à détourner qu'à entrer en contact avec les multiples identités des personnages. On retrouve cette volonté de filmer deux mondes en même temps et de créer des décalages à tous les niveaux de lecture (autant dans l'humour, que dans l'intrigue, ou même le traitement BD).
La manière dont, derrière l'aspect extrêmement stéréotypé (et donc évidemment référentiel), tout converge vers cette question du rôle et c'est un point qui rend le film particulièrement rafraichissant et rarement naïf. En cela, il s'inscrit dans la lignée des films d'apprentissage des années 80-90 entre rêve et réalité, entre formation et transformation.