Le film retrace le destin croisé de trois personnages, Marie Lelay (Cecile de France), George Lonnegan (Matt Damon) et Marcus (Frankie McLaren), qui ne se connaissent pas et qui, confrontés à la mort, cherchent des explications.
Le film commence en Thaïlande, quelques heures avant le tsunami dévastateur de l'Océan Indien de 2004 qui fit près de 300 000 morts et disparus et des dégâts considérables. Une journaliste de la télévision française, Marie s'y trouve en vacances avec son amant Didier (Thierry Neuvic), réalisateur à France Télévision. Avant leur départ, pendant qu’il prend son petit déjeuner à l'hôtel, elle part acheter quelques cadeaux sur le marché. Alors qu'elle marchande un bracelet avec une vendeuse, un énorme ronflement annonce l'arrivée du tsunami qui balaye tout sur son passage. Emportée par la vague, elle fait l'expérience de ce que les anglo-saxons appellent une N.D.E ("Near Death Experience" : expérience aux portes de la mort) avant d'être ramenée à la vie par des sauveteurs. Didier a lui aussi été miraculeusement épargné et ils rentrent en France. Marie est sous le choc de ce qu'elle a vécu et, bien que physiquement indemne, elle ne peut reprendre son métier de présentatrice d'une émission de reportages. D'un commun accord avec Didier, elle décide de "faire un break" dans sa carrière professionnelle et de se mettre à rédiger un livre auquel elle pensait déjà depuis quelque temps sur la part d'ombre de la présidence de François Mitterand. Mais, traumatisée par ce qu’elle a vécu, elle se décide à raconter son expérience de NDE. Son livre « Hereafter » devient un best-seller qu’elle va présenter à la Book Fair de Londres.
George Lonnegan vit à San Francisco. Medium connu, il a le don d'entrer en relations avec les êtres disparus des gens qu'il touche mais, après une expérience traumatisante, il a décidé, contre l'avis de son frère aîné Billy, de renoncer à donner des consultations qui lui rapportent, préférant travailler dans une usine de sucre de canne. Pendant son temps libre, il prend des cours de cuisine italienne où il rencontre Mélanie, avec laquelle il sympathise. Un soir, il l'invite chez lui et, lorsque, par une indiscrétion de Billy, elle prend connaissance de ses dons, elle le convainc de lui donner une consultation. Comme il en est vaguement amoureux, il cède à contrecœur. Mais ce qu'il voit dans la vie de Mélanie la bouleverse et elle le quitte précipitamment et cesse de venir aux cours de cuisine. George décide de prendre des vacances et de réaliser l’un de ses rêves, se rendre à Londres visiter la maison de Charles Dickens, son auteur favori, dont il écoute en boucle des lectures enregistrées.
Marcus est un jeune garçon anglais de 12 ans qui vit avec son frère jumeau Jason (George McLaren) à Londres. Naturellement soudés comme peuvent l’être des jumeaux, ils sont encore plus proches pour faire face aux problèmes qu'ils rencontrent avec leur mère toxicomane. Jason meurt devant lui, renversé dans la rue par un fourgon, et Marcus ne peut l'accepter car il se croit responsable de la mort de son frère. Après l’accident, il est provisoirement placé dans une famille d'accueil. Après des recherches sur Internet, il s'enfuit en emportant les économies de la famille pour aller consulter des médiums afin de tenter de renouer le lien avec Jason mais ses tentatives se soldent par un échec.
Le hasard fait se rencontrer les trois personnages à la London Book Fair.
Après une visite de la maison de Dickens, George est venu y écouter une lecture publique des œuvres de l'écrivain. Errant à travers le salon, il y entend Marie parler de son livre. Marcus, qui a été entraîné là par sa famille d'accueil pour venir voir l'un de leurs anciens pensionnaires qui travaille dans l'édition, reconnaît George qu'il a connu en faisant des recherches sur les mediums par Internet. Il le suit jusqu'à son hôtel et l’attend sur le trottoir jusqu'à ce que celui-ci accepte enfin de le recevoir et de lui parler de Jason.
Mon jugement sur ce film
Ce film est complètement atypique. Ni film d'action, ni film fantastique, il est particulièrement inclassable. En outre, il s'accorde difficilement à la personnalité du réalisateur, même si celui-ci a déjà réalisé des films intimistes comme Sur la route de Madison ou Un monde parfait. La version française de Wikipedia le présente comme un "thriller fantastique" et la version anglaise du même site, comme un "drame fantastique" (drama fantasy film) ce qui n’est pas plus approprié dans un cas que dans l'autre.
On s'attendrait à ce qu'un tel film soit insupportable de sentimentalisme. C'est tout le contraire. Depuis la scène brutale du tsunami qui nous met KO jusqu'à la rencontre finale entre George et Marie, on assiste à un exposé de faits sans pathos, sans musique envahissante (elle a été entièrement écrite par Clint Eastwood lui-même et reste d'une discrétion exemplaire), presque sans émotion... La seule scène où l'émotion nous envahit est celle où George parle au jeune Marcus de son frère décédé.
Ce n'est cependant pas un film entièrement réussi. Quelles que soient ses qualités, je dois dire que je suis, pour une fois, assez d'accord avec la critique de Télérama, qui le qualifie de "bancal et un peu laborieux", même si je trouve cette critique - comme souvent avec cette revue - excessive et injuste. Mais il est vrai que le film désarçonnera un public non préparé (et pas forcément sensible au paranormal) car il en dit à la fois trop et trop peu. Dans plusieurs interviews, Clint Eastwood confesse qu'il n'est pas à l'aise avec le sujet de l'au-delà. Pourquoi, alors, a-t-il choisi d'en faire le sujet de son film ? Sans doute ne nous dit-il pas tout car, même s'il ne veut pas se l'avouer, il se pose certainement des questions sur "ce qui se passe après la mort". Si ce n'était pas le cas, il aurait fait un film plus commercial, avec surenchère d'effets spéciaux, ce que, grâce au ciel, le film n'est pas. Il en aurait pourtant eu les moyens et Hollywood l'aurait sans doute plus facilement suivi qu’avec un projet aussi atypique et, finalement, difficile. Personnellement je considère plutôt comme une qualité ce que certains pourraient trouver comme un défaut mais j'aurais tout de même apprécié une conclusion moins elliptique que celle que nous propose le réalisateur.