La semaine passée, je fus fort surpris de voir Jodie Foster dans un film qu'on disait dans la veine de Charles Bronson (ou Bernard Bronson, je ne sais plus). Dans A vif, Foster abordait une sensibilité toute normale mais moralement nauséabonde quant au traitement de l'histoire.

Ici, rebelote. A croire que c'est typiquement américain de faire justice soi-même. De M le Maudit à tous ces films où Steven Seagal produit un film de Steven Seagal, cette problématique assaisonnée de loi du Talion fait à la fois pleurer dans les chaumières et soutient l'idée qu'on aurait besoin (ou on trouverait divertissant) de décomplexer certains instincts frustrés. Comme si l'important, c'était de se sauver soi-même, de se libérer en vidant les couilles de son chargeur fumant.

A mon sens, de tels films sont des impasses : soit il est fait un clip de la NRA soit on assiste impuissants à une daube boursouflée de pleurnicheries. De quel côté de la balance cela va-t-il tomber cette fois ? Est-ce que David Gale et sa vie seront à tout jamais la seule oeuvre démocrate ?

De voir ce sujet aux mains de Schlesinger, ça me rend furax.

Maintenant que j'ai fait part de mes appréhensions légitimes, regardons les faits présents :

- une fille violée et assassinée.
- des parents qui veulent la justice
- un suspect dont l'ADN correspond à celui sur les lieux (présenté comme preuve irréfutable)

Ce suspect, c'est Kiefer Sutherland. Ce rôle me rappelle - de manière un peu moins divertissante certes - le rôle du grand méchant loup que ce même a occupé dans Freeway. Autre correspondance, dans les deux films, c'est bien lui le grand méchant loup et il n'est fait aucun doute là-dessus.

Le film sacrifie donc le dernier personnage qui aurait permis un doute, une nuance intéressante plutôt que des psychologies plates et frontales.
Ecrit par le duo Jaffa & Silver (La main sur le berceau), nous aurions été en droit d'attendre un fait nouveau qui viennent casser l'ambiance lisse et confortable d'un téléfilm d'après-midi.

C'est filmé et interprété très correctement, l'honneur de Schlesinger est sauf. L'écartèlement moral de l'héroïne s'effectue jusqu'à très tard pour offrir, dans un rythme bien senti, un climax au plus haut de la confrontation physique et morale. Cela ne parvient pas à camoufler la volonté d'y aller avec des gros sabots. Je veux bien que mon empathie soit prise en otage (ça fait parti du jeu), je veux bien qu'on soit emprisonné dans la tête de Karen McCann, cette lionne blessée, pour ressentir au plus près sa souffrance et sa volonté mais
si c'est pour recourir à des facilités sur un sujet très sensible,
si c'est pour conforter le pilier de PMU que-tous-les-pédophiles-faut-les-pendre-par-les-couilles, c'est très réussi.

Je pourrais être plus exhaustif sur ce que je trouve facile, être simplement plus précis, mais
J'espère avoir réussi de mon côté à dézinguer un Schlesinger,
toujours par delà le bien et le mal et
en prenant le bien avec le mal.
Andy-Capet
1
Écrit par

Créée

le 2 juin 2013

Critique lue 1.2K fois

5 j'aime

Andy Capet

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

5

D'autres avis sur Au-delà des lois

Au-delà des lois
Andy-Capet
1

File dans ta nietzsche !

La semaine passée, je fus fort surpris de voir Jodie Foster dans un film qu'on disait dans la veine de Charles Bronson (ou Bernard Bronson, je ne sais plus). Dans A vif, Foster abordait une...

le 2 juin 2013

5 j'aime

Au-delà des lois
Caine78
2

Critique de Au-delà des lois par Caine78

Aaaah ! Nos amis ricains nous en ressortent un de temps en temps, un bon « vigilante movie » qui nous explique à quel point l'auto-défense (voire ici l' « auto-vengeance »), c'est bien. La...

le 12 avr. 2018

3 j'aime

Au-delà des lois
-Marc-
5

Sous la loi du talion

C'est pas bien de se venger! Mais que valent les grands principes quand on touche à votre famille? Et quelle meilleure thérapie?

le 14 juil. 2013

3 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Andy-Capet
2

Un connard de hippie blanc en liberté

Sur Into the Wild, je risque d'être méchant. Non, en fait, je vais être dur. Parce que j'assume totalement. C'est autant le film que ce qu'en font les admirateurs de ce film qui m'insupporte. Que...

le 27 janv. 2014

67 j'aime

71

Disneyland, mon vieux pays natal
Andy-Capet
7

Achète-moi un conte prêt à raconter

En tant qu'ancien travailleur de Disneyland, je ne suis jamais senti à ma place dans ce milieu. Tout ce que je voulais, c'était travailler en m'évadant. Ce fut le contraire. J'ai perdu mon innocence...

le 26 avr. 2013

60 j'aime

42

RoboCop
Andy-Capet
9

Leçon cinéphile adressée à tous les faux-culs prétentieux.

L'humour satirique et grotesque dans Robocop est une porte infectieuse pour laisser entrevoir autre chose que du pop corn pour petit garçon, une porte qui laisse un aperçu de cette société tyrannique...

le 10 déc. 2013

51 j'aime

38