Ce film est étrange. Scindé en trois périodes, il raconte différents passages de la vie de Tao : ses amours de jeunesse, son mariage puis sa non-maternité, et enfin sa solitude; par les yeux des hommes qui l'aiment et l'abandonnent.
Et ces parties ont les mêmes caractéristiques que des triplés : la première est très brouillonne (et on a envie de la claquer comme les personnages), la seconde ne sait jamais où se mettre, la troisième en fait toujours trop. Et le tout forme un ensemble étrange, donc.
La réalisation est ailleurs : plans souvent simples, parfois rêveurs, rarement imaginatifs. Certaines scènes ont un quelque chose, elles marchent comme des grandes. D'autres ont besoin d'aide pour faire deux pas et avoir du sens (l'avion svp).
Les thèmes foisonnent, toujours entre le social et le personnel. Le voyage à travers la Chine et à travers Tao se fait à pied, en vélo, en moto, en voiture, en train, en avion; mais rarement à pas de géant. La saleté des petites villes s'oppose au clinquant de Shanghai, l'humilité à un ego monstrueux. La tradition est grignotée par le moderne sous toutes ses formes : la voiture à l'entrée du millénaire, l'iPad à notre époque, le téléphone invisible dans 10 ans.
L'absence de mère se compense par un syndrôme œdipien avec la prof.
A force de les multiplier, j'ai l'impression qu'ils fonctionnent comme des justifications, des excuses presque, quant au sens du film, comme si sa forme décharnée n'était pas assumée.
Enfin. Une œuvre difforme donc, servie par une bande-son particulièrement savoureuse à l'écoute.