Film bien en deça du potentiel

Intéressons plutôt à la forme qu'au fond (la bonne santé etc, on sait déjà qu'on doit/devrait être tous végétariens et faire du sport ;) ), donc c'est-à-dire les acteurs, la réalité-fiction, les décors etc.

Déjà, j'ai trouvé le film drôlement long sur le sujet de l'hygiénisme, heureusement, quelques scènes d'humour (le protagoniste qui vomit dans l'assiette de sa voisine dès le début, la grosse copine qui fait des déballages sexuels en permanence !) permettent de faire passer la pilule.

Ensuite, le film est caricatural sur certains sujets (par exemple, la scène, mais si elle prête à sourire, sur la nudité et le végétarisme en terrasse. C'est d'ailleurs sur cette vague qu'a surfé l'association Peta en mettant des femmes nues et en promouvant le végétarisme, quelle vision réductrice du corps de la femme!) D'ailleurs, cette scène avec le Dr Lionel Badger est très mal jouée).

Tout ce qui est sport, exercice physique et respiratoire de l'époque ont été assez bien retranscrit. Il y a des images des exercices sportifs de l'époque sur le net. Je craignais que le réalisateur ajoute du yoga ou une sorte CrossFit, ce qui aurait été assez anachronique pour un début de XXᵉ siècle,. Disons que sur le volet réalité historique (vêtements, moyens de locomotions, pratique de l'époque, on est bons).

Pour ce qui est des musiques, il y a une petite ambiance chaleureuse qui donnerait presque envie de rejoindre le Sanitarium, avec un air de piano entraînant et une session de rire dès le début, on sent une sorte de chaleur humaine, de bien vivre. À savoir que le lieu réel du Sanitarium était composée de multiples piscines, tours, billards, terrasses, solarium, chapelles...pour 1250 patients (Edison, Amelia Earhart, Ford...) et 1800 employés. On est encore loin dans le film, ça m'a plutôt fait penser à The Grand Budapest Hotel qu'à un immense Sanitarium.

Le film a été critiqué pour son côté scatologique (bon après les gens et leur caca, c'est une histoire compliquée). Certains points du film sont erronés tels que l'utilisation abusive de l'électricité, que le Dr Kellog considérait comme limitée. Le côté "réduction de la libido" à tout prix est sur exagérée dans le film, mais créé une cause, une péripétie et une fin aux problèmes du protagoniste principal. D'ailleurs, les différents problèmes de libido prennent une grosse part du film et en deviennent assez ennuyeux.

Je n'ai pas de vidéos d'archives du vrai Dr Kellog, mais il a été noté par les critiques que le film caricature l'homme qu'il était. Le côté humaniste (augmentation de la durée de vie, des conditions sanitaires, chirurgicales, création de produits alimentaires, sanitaires...) du film n'est pas retranscrit, on le prend juste pour un adventiste croyant en Dieu, loufoque et excentrique. C'est assez dommage et les 3/4 des gens associeront chrétien = végétarien-loufoque-baignade-dans-le-froid-sport alors que le Dr Kellogg fut excommunié. La scène de la fin, erronée par rapport à la réalité, perpétue cette vision de leader paternaliste fou. On le prend aussi comme un chef de secte, avec ses 10 enfants (je crois qu'il en a adopté 40 ou un truc dans le genre). Pareil pour ses problèmes relationnels avec son fils qui impacte l'issue du film. Ainsi que le trio d'arnaqueurs qui comble les longueurs d'un scénario défaillant. Et c'est regrettable, car il y avait beaucoup de matière à exploiter (vu le CV du gars).

Pour ce qui est des lieux de tournage, le film n'a pas été tourné dans les lieux d'origine et on n'a pas d'indication sur la ville. Et c'est également dommage parce qu'on ne sait pas ce que ça se passe dans le Michigan. Et dans le Michigan l'hiver et bien, il fait très froid et il neige. Et dans le film, il neige aussi. Alors moi, je me suis dit : "je ne comprends pas. Le Dr Kellogg vend une thérapie santé-soleil-sport pack tout inclus, mais pourquoi il neige dans sa thérapie ? le froid ce n'est pas forcément bon pour ses patients, pourquoi il n'est pas en Arizona ?". C'est anecdotique, mais c'est quelques petits trucs qui font que le film s'embourbe. Bref, dommage. Et d'ailleurs, le bâtiment à l'époque était désaffecté, il me semble.

Bref, c'était long et à part quelques scènes drôles, pas bon.