La tueuse aux deux familles

Il manquait encore un rôle de tueuse à gages badass à Jessica Chastain pour que sa panoplie d'actrice soit complète, c'est désormais chose faite avec "Ava", petit thriller inconséquent mais qui a le mérite de prouver que la comédienne peut distribuer quelques bourre-pifs bien sentis tout en réglant des problèmes familiaux avec les larmes au bord des yeux.

Sur le papier, c'était peut-être d'ailleurs dans ce mélange des genres drama/action que résidait le sel pour donner un minimum d'identité à "Ava". Un jeu de miroirs scénaristique se met en effet rapidement en place entre le passé familial destructeur de l'héroïne qu'elle vient aujourd'hui résoudre et les agissements de ses commanditaires, famille de substitution qui lui a permis de se reconstruire en machine à tuer mais qui s'entredéchire désormais sur le sort de leur propre recrue encore à la merci de ses traumatismes.
Cette optique permettra au long-métrage d'offrir quelques bons moments, notamment dans sa deuxième partie, en jonglant entre la violence de la révélation des non-dits (la confrontation entre Ava et sa mère) et celle bien plus expéditive de ses employeurs mais, de manière plus générale, elle ne pourra prétendre à plus tant le traitement terriblement classique de "Ava" ne permet pas d'en exploiter la pleine mesure. La réalisation passe-partout de Tate Taylor (arrivé in extremis aux commandes du film après que Matthew Newton, crédité comme scénariste, ait été débarqué à cause d'affaires de violences domestiques), l'accumulation de grands noms dans des seconds rôles qui n'en méritaient pas tant (John Malkovich, Geena Davis, Colin Farrell, Joan Chen, Common, Ioan Gruffudd et la jeune Diana Silvers) ou un rythme de mollusque gonflé artificiellement par une B.O. électro agaçante ne font que souligner en permanence le manque d'originalité de la proposition et achèvent de la cantonner à un simple prétexte de thriller interchangeable moulé autour de sa star pour la faire briller.
De ce point de vue, la prestation de Jessica Chastain restera effectivement l'argument le plus attractif de cet "Ava" mais on espère surtout qu'à l'avenir, cette nouvelle ligne en plus à son C.V. de comédienne l'amènera vers des propositions du genre bien plus intéressantes et audacieuses.