Le rêve américain et la religion de la bagnole.
Des paluches de pouilleux, rednecks, travailleurs pauvres, vieux, pauvres, gros, aposées sur la carosserie d'un pick-up comme sur une Bible. Incarnation parfaite du dogme matérialiste où, comme Jésus sur sa croix, on souffre dans son corps avant de rejoindre Saint-Chevrolet au paradis.
Miroir d'une époque aussi, avec cette arrogante volonté où chacun se persuade qu'il sera le gagnant du trophée, qu'il est plus fort que les autres. L'humilité, le doute, n'ont pas le droit de cité ici.
Alors on se prend à faire des paris sur le gagnant final. Lui je veux qu'il gagne, elle je veux qu'elle dégage. Et voilà, on devient complice de la décadence, dixit une TV-Réalité où l'on trépigne de savoir qui sera le prochain éliminé. Et on écrit la suite du script selon le charisme des candidats.
Sauf que Bastian Günther est suffisamment finaud pour nous balader en terrain inconnu.
Ici, beaucoup de grandes bouches, et beaucoup de bluff, et aucun héros.
Et comme c'est filmé comme dans la vraie vie, sans deus-ex-machina, les twists s'enchaînent, sans que personne au monde n'ait pu les prévoir. Et je pèse mes mots : personne. Et c'est tant mieux.
Il devient rare que je regarde un film en une seule session.
Celui-ci, par son thème, son traitement, son rythme, son jeu d'acteurs impeccable (en VO), son ésthétique à la fois froide et léchée, en fait partie.
Chapeau l'artiste !