On se l'accorde. Ce film a le mérite d'exister, il permet de vulgariser tout un tas de données scientifiques, de sensibiliser un large public sur le réchauffement climatique, blablabla. Je vous entends d'ici me rétorquer que je suis trop exigeante, et c'est le cas. C'est le cas car je considère humblement que l'exigence est le socle de l'excellence. Pourquoi se contenter d'un documentaire approximatif et superficiel si l'on peut fournir une étude riche et engagée ? Allez-y à fond les ballons les gars, c'est pas comme si le bonhomme n'avait pas les moyens ...
Pendant 1h30, le documentaire brosse un panorama global sur une multitude de sujets : la déforestation, l'huile de palme, la corruption politique en matière d'environnement, la pollution, la fonte des glaces, un entretien avec feu le Président des Etats-Unis B. Obama, des exploitations pétrolières, j'en passe et des meilleures. Et tout ça pour quoi ? Je vous le demande ma p'tite dame, parce que pour ma part je n'en sais fichtrement rien. Et c'est dommage d'ailleurs, parce que certaines parties du reportage ne sont pas à jeter, notamment lorsqu'il évoque les connivences entre les groupes d'influence industriels et les politiciens américains. Ben voilà ! Faites tomber des têtes un peu ! Que les responsables paient et aillent en prison, nom d'une chèvre schizophrène !
Et pourtant non... On nous ressort une sauce salée à la COP21 qui ne manque pas de m'étouffer. Le choix aurait pu être fait d'un documentaire fouillé sur l'état actuel de l'environnement, et ça aurait pu être très riche. Mais non, le Léo se la joue sauveur des ours polaire et nous indique, nous, citoyens, quoi faire face à cette urgence. Selon lui, il s'agit de consommer autrement, et de (bien) voter. Un message qui arrive à point nommé donc, puisque le film a été diffusé à quelques jours des élections américaines, ce qui suggère par extension une bonne grosse propagande populiste.
Faire du lobbying pro-environnement, c'est de bonne guerre me direz-vous, si ça pouvait engendrer un réveil soudain des consciences sur la dégradation de la terre. Mais on sait tous pertinemment que les documentaires sur l'environnement sont très nombreux, et qui, à part culpabiliser notre voisin qui a une bagnole des années 80 qui pollue trop, sont d'une utilité toute relative. J'ai cru à tord que Di Caprio nous emmènerait sur un terrain nouveau et éclairant, mais il joue finalement le jeu du There is no alternative.
Alors, que retenir de ce documentaire ?
Qu'il faut manger moins de viande, acheter bio, et ne pas voter Trump. Alors c'est bien de nommer des « messagers de la paix pour l'écologie », dont Léonardo Di Caprio en a reçu la noble tâche par l'ONU en 2014, mais il faudrait que ça fasse bouger les troupes plus que ça. C'est agaçant de se revendiquer "éveilleur de consciences" pour finalement produire un film qui regorge autant de convention et de bien-pensance. A l'instar du pamphlet Indignez-vous de Stephane Hessel, Di Caprio semble adopter la posture confortable du râleur du dimanche, qui bien installé dans son jet privé, nous enseigne comment ne pas trop faire de vague ... avant le déluge.