Ce court métrage de 2013 était censé être le premier volet d’un triptyque sur les violences conjugales, avant que les épisodes 2 et 3 ne soient rassemblés en un long, Jusqu’à la garde. A ce titre, c’est donc un prologue au film qui voit déjà dans les premiers rôles Léa Drucker et Denis Ménochet.
C’est le moment du choix de Miriam de tout plaquer pour mettre en sécurité ses enfants. Une temporalité réduite sous tension, à la fois terrifiante par l’emprise indépétrable d’Antoine, et réconfortante par l’élan de solidarité qui pousse les collègues de la femme, jusqu’alors ignorants (ou désireux d’ignorer?) de ce qui se trame au foyer des Besson.
Outre la rythmique implacable et l’émotion abrupte qui se dégagent de cette histoire, c’est avant tout ce refus de nommer cette fuite qui m’a marqué. Miriam répète à plusieurs reprises qu’elle part, refusant d’employer un terme attaché à une détresse. Ayant été manipulée pendant des années, elle semble à peine réaliser qu’elle est la victime et qu’elle n’a donc pas à avoir honte. Mais le statut de victime est encore trop stigmatisé par notre société pour qu’il soit acceptable de le reconnaître.
Avant que de tout perdre frappait déjà fort, et ne sera que sublimé par sa suite éreintante qui nous amène au bout du cauchemar.