On ne sait si les flammes de la révolte s'eteindront grâce à ce genre de "fiction réaliste", mais elles seront au moins partagées au plus grand nombre par le pouvoir du cinéma. On retrouve plus ou moins les mêmes défauts que dans la plupart de ces films "banlieusards" qui entendent passer outre le souci de véracité en prétendant que l'efficacité dramatique parle plus directement à la populace que le jargon juridico politique.


Pas mal d'elipses scénaristiques, des invraisemblances medico légales, un militantisme assez partial/partiel et une représentation de la topographie dyonisienne digne de la plus belle indifférenciation véhiculé par l'appareil médiatique sont quelques unes des grosses ficelles manichéennes utilisées par ce néo cinéaste et ancien journaliste d'investigation.


Dommage car cette expérience du terrain se ressent profondément dans le traitement des personnages, qui bien que plutôt stéréotypés sur certains bords parviennent à faire ressentir avec sensibilité et émotion la vie de ces générations d'hommes et de femmes tiraillées par la double culture. L'identité est ainsi un nœud central qui determine un quotidien diffracte, traité ici avec délicatesse. Également dans l'équation la solidarité déterminante des uns et des autres pour continuer la lutte en faveur d'une justice équitable pour tous. C'est sans doute un peu lisse par moments, mais on croit à l'abnégation de ces citoyens qui réclament droits et considération. Et puis le casting est suffisamment solide pour nous embarquer. L'ensemble ne se raccorde pas toujours, et la figuration semble sortir d'un panel représentatif de la jeunesse du "9'3", mais Camélia Jordana est beaucoup moins irritante que d'habitude et la fratrie assez consistante.


Peu de mise en scène, mais quelques effets de styles intéressants (notamment quelques panoramas d'ensemble au début et à la fin). Sans oublier une tonalité de couleurs étalonnees qui rendent bien compte de l'urgence de la situation.

Dans le genre ultra codifié de la banlieue made in France, celui-ci n'est toujours pas révolutionnaire mais demeure bien plus honorifique que nombre de ses comparses.

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5

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