Avanti!
7.1
Avanti!

Film de Billy Wilder (1972)

Jack Lemmon, les charmes de l'Italie... et de Juliet Mills

Si Avanti ! est une réussite, elle ne le doit pas au hasard. Le film marque la huitième collaboration entre le cinéaste Billy Wilder et le scénariste I.A.L. Diamond, duo qui avait donné Certains l’aiment chaud, La Garçonnière ou La vie privée de Sherlock Holmes, entre autres. A cela, il faut ajouter que, pour la cinquième fois, le réalisateur dirige Jack Lemmon, qui n’hésite pas à cabotiner, mais le fait avec classe.
Avanti ! nous entraîne sur Ischia, une des îles de la baie de Naples, lieu touristique paradisiaque. Mais Wendell Armbruster Jr ne vient pas ici pour faire du tourisme. S’il a pris l’avion en toute hâte aux Etats-Unis, sans même prendre le temps de se changer, c’est parce qu’il vient d’apprendre que son père est mort brusquement lors de ses vacances annuelles à Ischia. Et voilà Armbruster qui débarque en Italie avec cette impression d’être à la fois en territoire conquis, où tout doit se plier à ses ordres, et dans un pays arriéré. En bon chef d’entreprise il a déjà tout planifié, depuis le retour du corps au pays jusqu’aux funérailles grandioses, auxquelles est convié Kissinger lui-même.
Mais s’il y a une constante dans les comédies, c’est que les plans des protagonistes ne se déroulent jamais comme prévu. La faute en revient ici aux charmes irrésistibles de la dolce vita à l’italienne, mais aussi à deux femmes.
La première s’appelait Catherine Piggott et était depuis dix ans maintenant la maîtresse du patriarche Armbruster. C’est avec stupéfaction que le fils apprend ainsi que son défunt père vivait, chaque année, pendant un mois complet, une histoire d’amour aussi illégitime qu’irrésistiblement romantique. La vie d’homme d’affaires américain le dégoûtait de plus en plus. Ce mois estival était désormais sa seule véritable raison de vivre.
C’est toute une seconde vie que Wendell Jr découvre alors. Son père se baignait nu dans le lever de soleil, il dînait au restaurant entouré d’un orchestre typiquement italien, il savait se faire apprécier de tous. Être avec Catherine Piggott, c’était savourer un type de vie inconnue dans les hautes sphères de Baltimore.
C’est d’ailleurs avec elle que le chef d’entreprise va mourir dans un accident de voiture.


L’autre femme qui va bousculer les projets de Wendell Jr, c’est Pamela Piggott, la fille de Catherine. Elle aussi est venue pour rapatrier le corps de sa défunte mère. Mais elle aborde son séjour italien avec un état d’esprit catégoriquement différent. Elle est au courant de la liaison qu’entretenait sa mère et elle en est heureuse. De plus, elle est très sensible aux charmes de l’Italie, là où Wendell Jr ne supporte pas d’être dans un pays qui ne fonctionne pas comme ses Etat-Unis.


A partir de cette situation, Avanti ! va déployer des trésors scénaristiques. Si l’action principale est prévisible, elle n’en reste pas moins, tour à tour, drôle, émouvante, et belle. Si Jack Lemmon joue à merveille l’Américain hautain, méprisant et cassant (il recevra d’ailleurs un Golden Globe pour sa prestation), la trop méconnue Juliet Mills confère au film un charme fou. Elle est belle, pétillante, pleine de vie. L’un des plaisirs du film est de voir tout ce qui oppose les deux protagonistes, et comment l’industriel va, inévitablement, céder aux charmes de la modeste britannique.
Mais le film ne se résume pas uniquement à cela, et les intrigues secondaires foisonnent. Il n’est pas question, évidemment, de les dévoiler ici, mais Wilder parvient à peupler son film de toute une pléiade de personnages secondaires aussi drôles que pittoresques.
Wilder réussit aussi à jouer sur différentes formes d’humour. Humour de mots et de situations, parodie, et même une très belle scène avec le coroner, dont l’absurde fait inévitablement penser à Buster Keaton.


Enfin, il y a l’Italie.
Soyons clair : l’Italie que présente le film est une Italie de carte postale, une Italie idéalisée. L’Italie d’Avanti !, c’est celle du coucher de soleil sur le Vésuve, des promenades en calèche, des Vespas, des innombrables sortes de pâtes, etc.
L’Italie, ici, est conçue pour être l’inverse du monde d’où viennent les protagonistes. Au contraire de Londres d’un côté, et surtout de Baltimore de l’autre, villes présentées comme froides et grises, Ischia apparaît comme une sorte de paradis ensoleillé. C’est le lieu des plaisirs, de la douceur de vivre, opposé au monde du travail et des affaires.


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le 13 avr. 2020

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SanFelice

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