Bon, là, on va s’attaquer à un gros morceau, Avatar. Avant même de commencer tout mon argumentaire visant à vous dire, pourquoi Avatar, c’est trop bien (et croyez-moi, je le pense fermement et je vais vous le démontrer), je dois d’abord faire preuve d’honnêteté.


Avatar, je l’ai découvert au cinéma à sa sortie, j’avais dix ans et déjà un peu fou de cinéma. La 3D faisait parler d’elle, j’avais vu Volt au cinéma que j’avais trouvé pas bien fou. J’avais retenté l’expérience 3D avec Le Drôle Noël de Mr Scrooge de Robert Zemeckis, là encore...meh. James Cameron était un nom qui m’était inconnu, pas encore vu ses Terminator, Aliens, Abyss, Titanic. Tout ce dont je me souviens, c’est l’immense patate de forain que je m’étais pris en pleine poire la première fois que j’ai vu Avatar au cinéma. D’abord pour sa 3D que beaucoup considèrent comme étant le seul véritable fait d’arme du film, là-dessus, tout le monde est d’accord pour dire que c’est une réussite. Mais la véritable claque, ça restait le film et son intrinsèque qualité. Pour le gamin que j’étais, se retrouver dans (et j’insiste sur le “dans”) un univers aussi foisonnant et riche que Pandora, avait provoqué quelque chose qu’aucun film n’avait accompli chez moi auparavant : de l’émerveillement. Ni Harry Potter, ni Le Seigneur des Anneaux ne m’avaient exposé un univers aussi merveilleusement beau que la planète des Navis. Ce fût une telle expérience que je suis allé revoir le film une seconde fois en salle, et là encore, la grosse claque.


Et pendant des années, j’étais persuadé que la terre entière avait ressenti ce même sentiment d’extase et d’admiration pour le travail de James Cameron. Il a fallu que je m’inscrive sur SensCritique pour que je constate la dure réalité des choses : Avatar était un film pas si acclamé que ça voir même mal-aimé par une partie du public.


A vrai dire, je peux l’appréhender qu’on apprécie pas un film comme Avatar, les goûts et les couleurs vous répondrai-je. Non, moi ce qui m’a véritablement turlupiné lorsque je lisais les critiques sur Avatar, c’était cet éternel argument qui faisait autorité sur le net, et que beaucoup se complaisaient à ressortir à tout bout de champ :



Avatar ? Le Pocahontas avec des aliens bleus, peuh



Et là, on va se lancer dans la critique pure et dure (si on peut considérer ce qui va suivre comme de la critique, je ne suis pas professionnel, tout le monde le sait).


Résumer Avatar à Pocahontas avec des aliens bleus, c’est le réduire à sa structure narrative, c’est fermer les yeux sur la véritable valeur du film. Oui, le récit d’Avatar, le cheminement des personnages et leurs évolutions n’ont rien de sensationnel, c’est un schéma que l’on a déjà vu, que l’on connaît et qui, effectivement, apparaît dans Pocahontas ou Danse avec les Loups. Et comme ça parle de conquête d’une terre nouvelle, la comparaison est facile.


Avatar, c’est cet éternel récit d’un homme qui va s’infiltrer dans une communauté qu’il va apprendre à comprendre, respecter et aimer, et qui va finalement se retourner contre son propre camp pour protéger sa nouvelle famille. Et en vrai, est-ce que c’est un problème qui justifie une mauvaise critique ? Je trouve pas. D’abord, parce que même si la structure est classique, force est de constater que Cameron sait parfaitement construire son récit et que même si on est dans du déjà-vu, impossible de nier la qualité des dialogues, la parfaite utilisation des fusils de Tchekhov (Toruk, le fait que les humains ne peuvent pas respirer l’air de la planète, la domination de la nature à la fin), ou le dilemme très bien retranscrit de Jake Sully, écartelé entre ses employeurs et une communauté dont il devient petit à petit membre à part entière. Et à vrai dire, ça ne m’étonne pas de Cameron, il a toujours parfaitement su articuler ses intrigues et Avatar n’en est qu’un exemple de plus.


Mais si ce récit est aussi simple et déjà-vu, c’est parce qu’il n’est pas le centre d’intérêt du film. Et je vais pas passer par quatre chemins, James Cameron n’en a rien à foutre de son intrigue et de ses personnages. Lui, ce qui l’intéresse, c’est Pandora, les Navis, son univers. Tous les choix de scénario, de mise en scène ne sont que des prétextes pour qu’on explore Pandora, pour qu’il nous montre ce qu’il y a de beau dans cet univers. C’est ça la force d’Avatar, c’est cette aisance qu’a Cameron à nous plonger dans son monde, sa culture. Dès lors qu’on a compris ça, évidemment que le récit a besoin d’être simple, puisqu’il n’est là que pour justifier l’exploration de Pandora. Évidemment qu’on suit un personnage destiné à aller à la rencontre des Navis, Jake Sully, c’est le parfait substitut du spectateur. Il commence sans réelle caractérisation si ce n’est que c’est l’homme lambda a qui la société sur Terre n’a pas donné sa chance, chose à laquelle tout le monde peut s’identifier. Et par la suite, il va se découvrir une personnalité au fil de sa découverte du peuple Omaticayas, découverte partagée en directe avec le spectateur grâce à la voix off justifiée par ses rapports vidéo. C’est simple et ça fonctionne.


Donc oubliez que Jake Sully est un personnage creux, c’est fait exprès pour qu’on partage sa découverte émerveillée de Pandora. Oubliez que l’intrigue est un décalque de ce qu’on a vu ailleurs, le film ne vit pas pour son histoire. Avatar est un film qui vit pour son environnement, pour ce que Pandora raconte sur elle-même et sur nous-même. C’est un film qui met la nature et sa beauté au cœur de tout, c’est littéralement l’obsession de James Cameron ! Tout son cinéma ne vit que pour ça, l’admiration de la nature, de son incroyable autonomie et de sa possible destruction par la folie technologique et industrielle des hommes. C’est quelque chose qu’on retrouve dans Terminator avec les hommes qui créent la machine destinée à les tuer ; dans Abyss avec les fonds marins souillés par l’exploration et qui se rebelle.


James Cameron, c’est : humain débile qui tire à tout va sur nature toute jolie. C’est con, mais c’est ce qui définit son cinéma, et on retrouve évidemment ça dans Avatar. Avatar se conclut même par une bataille épique entre une horde d’humains armés jusqu’aux dents dans des machines contre les forces de la nature et les indigènes qui y vivent en osmose. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on retrouve tout ce qui fait le cinéma de Cameron dans Avatar, tout ce qui en fait sa sève. Et je dirai même plus, c’est le film qui définit le mieux ce qu’est son cinéma, et c’est pourquoi, j’ai tendance à considérer Avatar comme étant le film ultime, le film somme de son réalisateur. Parce que tous ses gimmicks de réalisation et d’écriture se retrouvent au service d’un film ambitieux, non pas dans son récit, mais bel bien (j’insiste), dans son univers.


Penchons-nous donc sur cet univers qu’est Pandora, puisque c’est ce que Cameron désire. Pandora est certainement l’un des mondes de fictions les plus riches et les plus passionnants qu’il m’ait été donné de voir au cinéma (attention, pas en littérature, au cinéma). Ce qu’accomplit James Cameron en 2h40 est tout simplement prodigieux. Vous avez fait attention au nombre d’espèces différentes qu’on voit dans le film, au nombre de plantes. Vous avez fait attention, au nombre faramineux d’idées visuelles parsemées dans chacun des plans de ce film ? Et surtout, n’avez-vous donc pas vu cette remarquable cohérence ? C’est ça qui me fait exploser de joie à chaque fois que je vois le film, c’est à quel point, tout semble vrai, réfléchit et parfaitement mesuré. Comme si la nature sur Pandora, était...vivante. Et nous, pauvres spectateurs que nous sommes, nous ne pouvons qu’apprécier cette formidable cohérence. Comment la plante attrape sa proie, comment les Navis usent de la nature tout en la respectant et comment les humains sont d’immondes débiles intéressés par le profit et la technologie. Et comment au final, la nature reprend ses droits.


Évidemment que c’est un film idéaliste et naïf avec des méchants humains possessifs et une gentille communauté soucieuse du bien-être de la nature, mais là encore, ça reflète la personnalité de son réalisateur. Cameron a toujours été un homme soucieux de la nature. Il a toujours été en admiration pour sa richesse et désolé de voir l’homme à ce point la détruire. Ce qu’il tisse avec le récit d’Avatar, c’est un rappel constant de ce que l’homme inflige à la nature et aux peuples qui y vivent en harmonie. Évidemment, ça fait écho à la conquête de l’Amérique, au génocide des peuples amérindiens qui vivaient tranquilles dans leur coin. Mais ce ne sont jamais des références qui sont gratuites, mieux encore, ça permet de positionner Pandora comme une seconde chance pour l’homme. Combien d’entre nous n’ont pas rêvés de rejoindre les Omaticayas dans leur arbre pour profiter des bienfaits de la nature malgré son danger ? Combien d’entre nous n’ont pas rêvés de chevaucher un ikran et s’envoler dans les montagnes volantes ? Combien d’entre nous n’ont pas été ravis de voir que Pandora allait pouvoir perdurer à la fin du film ? Et combien d’entre nous attendent depuis maintenant douze ans de pouvoir retourner sur cette planète et de s’y sentir chez soi grâce aux lunettes 3D et la mise en scène ultra immersive de Cameron (qui ne tombe jamais dans les facilités de la mise en scène 3D comme les simulations de train fantômes du Drôle Noël de Scrooge ou Alice in Wonderland).


Avatar est un film qui réussit tout ! De son exposition passionnante de Pandora à son récit parfaitement calibré pour nous fait vivre de grands moments d’actions et d’émotion. De sa mise en scène aux petits oignions, toujours cohérente dans ses choix de cadrages afin de nous faire ressentir au mieux l’immensité et la majestuosité de Pandora. De ses effets spéciaux qui encore aujourd’hui, n’ont pas pris une ride et qui continuent d’impressionner. De sa musique entraînante, puisant dans les hymnes amérindiens en y ajoutant un sens de l’épique propre aux grandes symphonies. Avatar est une pierre angulaire à marquer au fer rouge tant dans la filmographie de son réalisateur que dans l’histoire du cinéma tout entier. Un film qui aura déterminé la marche à suivre des grosses productions de la décennie 2010 et qui continuera à faire parler de lui encore après. C’est un chef d’œuvre, un film majeure, un Titanic cinématographique, bref, un monument !

James-Betaman
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le 9 avr. 2021

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James-Betaman

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