Ava-tarir les finances de la 20th :
Avatar est un fantasme de James Cameron, muri des années durant (depuis 1994 de l'aveu même du réalisateur), repoussé dans l'attente des technologies nécessaires pour rendre vivant l'univers du géniteur de Titanic.
Résultat, une entreprise pharaonique, un film au budget (hors marketing) qui dépasserait allégrement les 300 millions de dollars. On savait Cameron habitué à la démesure, Avatar en est une illustration parfaite.
Avatar est finalement devenu, plus qu'un film, un événement, une machine médiatique, un énorme buzz sur lequel n'ont pas hésité à capitaliser une foultitude de marques (comme le démontrent les moultes produits dérivés vantés avant la séance). L'attente fut donc fébrile pour bon nombre de gens, et le résultat, autant le dire tout de suite, pas totalement convainquant.
Un univers d'une cohérence incroyable :
Après plus de 10 ans de gestation, James Cameron a accouché avant tout d'un univers époustouflant. L'action se déroule en 2154, sur Pandora, luxuriante exoplanète à la végétation colorée et féérique, terre des Na'vis, espèce humanoïde, et colonisée par les humains.
Cette mise en place peut somme toute sembler des plus classiques pour un film de science-fiction, mais il n'en est en fait rien. La principale force du film réside dans la construction même de cet univers : il est d'une extrême richesse tout en restant cohérent et accessible.
Tout semble parfaitement maitrisé, la faune, la flore autant que les us et coutumes des Na'vi transpirent de vérité. Ce tour de force ne serait rien sans ce pour quoi Cameron a patienté une décennie entière : la technique.
Car Avatar est bel et bien une révolution technologique. Pas dans le tape-à-l'oeil ou la surenchère, mais dans le réalisme.
Alors que la majeure partie du film est générée par ordinateur, on oublie bien vite que tout à l'écran n'est que subterfuge digital. L'hallucinante maitrise technique ne laisse jamais transparaitre le vrai du faux, si bien que l'impression de regarder une oeuvre d'anticipation s'évapore au profit d'une immersion totale, renforcée par la 3D, pour laquelle le film a sans doute possible été pensé.
Cette 3D quasi-parfaite, associée à des effets numériques extraordinaires, fait d'Avatar un porte étendard de l'avenir visuel du cinéma, mais un avenir sans doute lointain (peu de films pouvant se targuer d'avoir 300 millions de dollars de budget, condition sine qua non pour une telle entreprise graphique).
Une histoire bien décevante :
Malheureusement, l'univers d'Avatar sonne un peu comme une coquille vide, merveilleuse mais bien seule, lâchée par une histoire prévisible et mal menée.
Tout dans le scénario n'est que cliché. Jake Sully, ancien marine paraplégique, se voit offrir une chance de "marcher" de nouveau par l'intermédiaire du programme Avatar, qui permet aux humains de contrôler des êtres génétiquement modifiés ayant l'apparence de Na'vis. Ces avatars ont pour mission de pacifier les rapports entre humains, lancés dans leur colonisation de ce monde empli de richesses, et Na'vis, vivant en symbiose avec la nature.
Mais si la diplomatie n'aboutit pas, ce sera aux militaires de venir à bout du conflit.
Rien de bien original, mais rien de bien affligeant jusque là, sauf quand rapidement tous les comportements semblent poussés à leur paroxysme : les méchants sont très très méchants et les gentils sont vraiment très très gentils. Rajouter là-dessus une histoire d'amour d'un classique à mourir et un déroulement de l'histoire aux rouages enfantins, et vous obtenez 2h40 d'un spectacle creux.
Le contraste est saisissant entre la richesse de l'univers et la pauvreté du scénario, manquant de tout, dénué d'un souffle épique qui aurait pu le sauver d'un naufrage bien moi contrôlé par Cameron que celui du Titanic.
Conclusion :
Avatar est bien le blockbuster attendu, mais en aucun cas le chef d'oeuvre tant annoncé. Visuellement épatant, le film transporte littéralement l'audience sur Pandora, puis l'abandonne lâchement. L'éclat technique du film est entaché par le scénario simpliste dont la boulimie de clichés devient écoeurante au fil des 2h40 du long métrage.
On en sort finalement diverti (n'est-ce pas là l'essentiel me direz-vous) mais déçu tant le potentiel (et le budget) de l'oeuvre semble sous-exploité.