Pocahontas chez les Schtroumpfs géants

C’est à peu près comme ça qu’on pourrait résumer le film Avatar (qui n’a rien à voir avec l’excellente série éponyme produite par Nickelodeon (ou Avatar : le dernier maître de l’air pour les ignares)).


On en a fait des tonnes sur cette nouvelle création de James Cameron, en utilisant à peu près tous les adjectifs du beau et du spectaculaire. A dire vrai, c’est à peu près tout ce qu’il est possible d’affirmer sur ce film. Les images sont magnifiques, la flore et la faune de ce nouvel univers créé de toutes pièces sont travaillées, ça brille dans tous les sens et puis ça explose et ça vole le reste du temps. Bref, James s’est éclaté comme un petit fou. Là dessus, je pense que nous sommes tous d’accord.


Pour ce qui est du reste, c’est là que les avis commencent à diverger. Il y a, d’une part, ceux qui jugent le film uniquement sur sa qualité graphique et qui trouvent donc le film excellent en tout point (ou qui se laissent bêtement aveugler par une fougère luminescente et qui lui collent donc 10, juste parce que c’est beau). De l’autre, il y a ceux qui se rendent bien compte que le scénario tient sur un timbre poste mais qui ont décidé de prendre Avatar pour ce qu’il est : un film d’action bateau – certes beau – qui se regarde avec le cerveau en mode pause. Et puis enfin, il y a ceux qui voient bien les images et les grands bonhommes bleu qui s’agitent à l’écran, mais qui préfèrent quand même voir une histoire qui a de la gueule, qui tient debout et qui sort de l’ordinaire. Inutile de préciser que ces derniers ont été très déçus.


Personnellement, je me tiens plus dans la deuxième catégorie avec une tendance à pencher vers la troisième quand on commence à me sortir tous les qualificatifs du merveilleux pour parler dudit film. Globalement, James Cameron n’a pas eu besoin de trop se creuser le ciboulot pour écrire son scénario : il a regardé Pocahontas et remplacé les prénoms (John Smith est devenu Sully, Pocahontas, Neytiri, etc.). Et ceux qui pensent que j’exagère vont avoir le droit à une petite démonstration (si, si).


S’il fallait résumer Pocahontas, je dirais : des navires européens accostent sur les terres américaines, ses occupants attirés par la rumeur selon laquelle ruisseaux et sous-sols regorgent d’or. A leur tête, le gouverneur, un homme ambitieux et dénué de toute empathie va chercher à tirer profit de la présence des indiens vivant sur place pour connaître l’emplacement exact des gisements d’or et ainsi pouvoir amasser une fortune colossale qui lui donnerait l’opportunité de bouter la reine d’Angleterre hors de son trône. Pour cela, il envoie un jeune soldat, John Smith, qui s’est attiré la sympathie de la fille du chef de la tribu locale, Pocahontas. Celle-ci lui révèle en effet les secrets qui lient son peuple à la nature et lui fait comprendre peu à peu que sa vision de la Terre et des autres Hommes est erronée. Smith finit par tomber amoureux de cette beauté sauvage et ce, malgré la méfiance qu’il inspire aux autres membres de son clan et, plus particulièrement, Kocoum, le fiancé de Pocahontas, qui va malheureusement en payer le prix. Smith délaisse donc sa mission première pour s’immerger au plus profond de la culture indienne. Côté envahisseur, on s’impatiente tellement que le gouverneur finit par lancer ses hommes, armés de fusils, sur les indiens, qui n’ont que des lances et des flèches pour se défendre. Smith, considéré par le père de Pocahontas comme responsable de tout ça, va être condamné à mort aux premières lueurs de l’aube. Cependant, comme nous sommes dans un Disney, la « décapitation » est évitée de justesse et pas un seul coup de feu ne sera tiré (par contre, le gouverneur va quand même morfler).


S’il fallait maintenant résumer Avatar, ça donnerait : des vaisseaux terriens atterrissent sur la planète Pandora, ses occupants attirés par la rumeur (et les relevés géomagnétiques) selon laquelle un minerai rare et précieux abonderait dans ses sous-sols. A leur tête, le colonel Quaritch, bas de plafond et brutal, et Selfridge, un gratte-papier cupide et sans pitié, qui vont chercher à tirer profit de la présence des indigènes vivant sur place pour obtenir l’accès au gisement le plus important qui se trouve – fait exprès – sous l’arbre où vivent ces fameux indigènes. Pour cela, ils envoient un jeune soldat, Sully, paralytique, pour s’attirer la sympathie de la fille du chef de la tribu, Neytiri. Celle-ci ne tarde pas à lui raconter tous les secrets qui lient son peuple à la nature et lui fait peu à peu comprendre que sa vision de mère Nature et des autres peuples est erronée. Sully finit par tomber amoureux de cette beauté sauvage et ce, malgré la méfiance qu’il inspire aux autres membres de son clan et, plus particulièrement, Tsu’tey, le fiancé de Neytiri. Sully délaisse donc sa mission première pour s’immerger au plus profond de la culture des indigènes. Côté envahisseur, on s’impatiente tellement que Quaritch finit par lancer ses hommes, armés de lance-missiles et autres mitraillettes, sur les indigènes, qui n’ont que des lances et des flèches pour se défendre. L’arbre-maison est abattu et le père de Neytiri meurt dans la bataille. Sully, révolté, quitte l’armée. Cependant, considéré par la mère de Neytiri comme responsable de tout ça, il est mis au ban de la tribu. Sully, soucieux de se racheter, parvient à rameuter tous les autres clans alentour pour les lancer dans un combat aérien perdu d’avance (Tsu’tey meurt dans la bagarre). Et pourtant, la victoire est pour les indigènes, avec une baston finale entre Quaritch et Sully, remporté par ce dernier les doigts dans le nez.


On obtient donc une histoire sensiblement identique (le gouverneur est remplacé par Quaritch et Selfridge, le fiancé de la belle meurt plus tard dans Avatar et la guerre a réellement lieu chez Cameron, mais sinon, c’est kif-kif). Question remuage de méninges, James retournera prendre des cours.


Et qu’on ne vienne pas me parler de la musique. En fait, au premier visionnage, elle ne m’avait pas plus marquée que ça (à part peut-être celle de la chute de l’arbre-maison). C’est lors de la deuxième fournée que je me suis dit qu’elle avait un je-ne-sais-quoi de sympathique. En conséquence, je me suis donc procurée ladite bande-originale. Et là, ô surprise ! Dépouillée des images luxuriantes de Pandora, un nombre conséquent de morceaux me rappellent un précédent film de Cameron : Titanic. Les deux pochettes sous les yeux, je découvre que James Horner est à la baguette à chaque fois. Bref, hormis les chœurs, il n’y a pas grande différence entre les deux (à l’occasion, faites un comparatif des deux). Rien de mauvais en soi, les deux bandes-sons sont très appréciables mais un seul CD aurait suffit au final. Là encore, question innovation, on repassera.


Un dernier point pour lequel je ne remercie pas M. Cameron : la 3D. Grâce à lui, désormais, tous les films ou presque se paient ce petit luxe inutile qui me vrille le crâne et oblige tous les amateurs à donner un rein en plus de leur bras pour s’offrir une séance de ciné. Et encore, j’ai de la chance de vivre aux environs de la capitale, ce qui me permet d’avoir des séances en 2D largement suffisante les trois-quarts du temps (la 3D fonctionnant essentiellement sur les films d’animation plus que pour les films qui n’ont pas été filmés pour ce système et sur lesquels on a rajouté celui-ci en post-production histoire d’amasser un peu plus de flouze). Toutes mes condoléances à ceux qui vivent dans des villes où la 3D est obligatoire. Concernant Avatar, je n’ai pas spécialement vu ce que ça apportait au film : en trois heures de temps, une seule fois, j’ai cligné des yeux en pensant me prendre une branche (pour l’immersion, on repassera).


En conclusion, 3 est une note généreuse (c’est bien parce que c’est joli tout plein).

NicodemusLily
3
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le 24 sept. 2014

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NicodemusLily

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