Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le devant de la scène par Isaac Florentine (Undisputed 3 et 4, Ninja 1 et 2), c’est désormais avec Jesse V. Johnson (Triple Threat, The Debt Collector) qu’il roule désormais essentiellement sa bosse. Adkins est tellement demandé qu’il est capable d’enquiller, comme en 2016, pas moins de 8 films dans la même année. Nous sommes d’accord que nous ne sommes pas ici dans des chefs d’œuvres du 7ème art, ça n’en a d’ailleurs pas la prétention. Mais après quelques bobines certes efficaces mais ô combien oubliables, on tient avec Avengement (2019) un truc qui envoie pas mal du lourd. Sans doute la meilleure réalisation de Jesse V. Johnson, et sans doute le rôle le plus marquant de Scott Adkins. Et ça, ce n’est pas rien !
Scott Adkins, c’est le talent du cinéma d’action qui monte, comme ça a été le cas à leur époque pour Chuck Norris, Jean Claude Van Damme, Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger ou, plus près de nous, Jason Statham. Avec Avengement, il franchit un cap, celui de nous prouver qu’en plus d’être méchamment doué pour distribuer de la tatane (le bougre et un putain d’artiste martial), il est aussi capable d’être un très bon acteur. Habituellement, sa palette d’acteur est assez limitée, avec des rôles très monolithiques. Mais dans Avengement, il incarne un personnage plus complexe, plus profond, le forçant à sortir de sa zone de confort. Rassurez-vous, on reste dans un film 100% testostérone, mais malgré tout, l’évolution est clairement à saluer.
Il y interprète Cain Burgess, un homme ordinaire qui, par la force des choses, par les magouilles de son frère, par le séjour en prison que cela va engendrer, va petit à petit devenir une machine à défoncer des crânes. Un homme désespéré qui va tomber dans la spirale de la violence et qui va être obligé de s’endurcir, de se défendre, et de devenir une brute avec pour seul objectif dans la vie, son désir de vengeance. Se venger de ce qui l’a fait devenir ainsi … Se venger de celui qui est à l’origine de cet effet papillon qui lui a ôté son âme. Son frère, un criminel londonien qui a tissé sa toile dans l’ombre, causant des dégâts bien plus que sur son frère. Il doit mourir. Il se l’est promis.
Avengement est un film à tiroir, où l’essentiel de l’histoire nous est racontée à travers moult flashbacks, à diverses époques, et qu’on va petit à petit assembler façon puzzle pour avoir le fin mot de l’histoire. Un exercice casse-gueule, capable de nous sortir immédiatement du film, mais que Jesse V. Johnson maitrise parfaitement car il ne cherche jamais à nous perdre. Sa mise en scène est d’ailleurs vraiment très propre, et il fait preuve d’un réel talent. La narration est fluide, et les scènes d’action extrêmement lisibles. Exit les plans ultra cut et très serrés, Jesse V. Johnson ose les enchainements et les plans larges pour le plus grand plaisir des amateurs de combats. Les chorégraphies style combat de rue, très brutes, sont très violentes, ponctués de plans gores qui font mal. Le réalisateur ne cherche jamais le sensationnalisme et préfère rester sur quelque chose de réaliste. Certains pesteront que, pour le coup, les talents martiaux de Adkins sont sous exploités (rassurez-vous, il balance quand même un ou deux coups de pieds retournés), alors qu’au contraire, ils sont simplement mis en valeur d’une autre manière, surtout vu son rôle intense. Son personnage semble l’habiter et Jesse V. Johnson semble adorer filmer ça. En résulte un film certes loin d’être original, mais d’une efficacité redoutable, très bien rythmé, et bénéficiant d’un beau traitement. A noter l’hommage à la musique du film Le Professionnel (1981) avec Jean-Paul Belmondo, hommage qu’on retrouve également sur la pochette du film.
Entre film de gangsters et film de tatanes, Avengement est un concentré d’action brutale que tous les amateurs de séries B burnées se doivent de voir. Scott Adkins n’a jamais été aussi bon, et il s’agit sans doute ici de la meilleure réalisation de Jesse V. Johnson. Espérons que leur prochaine collaboration soit au moins du même acabit.
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