Dire que j'aime ce film est un euphémisme. Je l'adore.
Ceci étant donc établi mais un peu court tout de même, j'ai de bonnes raisons d'aimer cette merveille.
Adapté du roman éponyme d'Elizabeth Von Arnim, "Avril Enchanté" dresse le portrait de 4 femmes dans les années 20.
Lottie Wilkins (formidable Josie Lawrence), femme au foyer de petit employé petit chef, qui rêve de s'évader et de partir en Italie.
Elle convainc Rose Arbuthnot (Miranda Richardson, lumineuse), épouse effacée d'auteur coquin à succès qui la trompe comme au coin d'un bois de louer une maison en Italie avec elle pour un mois.
Juste par la force de la volonté de Lottie, et une annonce dans le journal, les voilà à partager une villa avec Mrs Ficher (Joan Plowright, impeccable) une vieille dame de la haute qui s'y croit beaucoup et Caroline Dester (Polly Walker à la fois radieuse et triste), étoile de la saison londonienne qui cherche un peu de calme.
Mis à part Lottie, aucune de nos vacancières n'est très enthousiaste. Elles sont là pour se cacher, d'elles-mêmes et du monde mais l'enthousiasme de Lottie et surtout le soleil, la mer, les arbres, l'air, la nourriture, les sons, tout ce qui fait la sensualité du monde vont les faire sortir de leur coquille.
Elles se découvrent les unes les autres, des femmes d'âges différents, unies par une solitude qui les ronge de l'intérieur.
Quand les hommes arrivent, l'équilibre change soudainement et leur voyage à tous est loin d'être terminé.
Mike Newell est un réalisateur d'une grande finesse. Sans bruit et sans fureur, il dresse le portrait non pas de 4 femmes mais de la féminité et de la vie. Avec un très bon matériau d'origine (je connais le style de Von Arnim, fin et pertinent), il ne juge personne, même certains personnages masculins qui peuvent paraitre ridicules ou antipathiques mais qui sont tout simplement humains.
Parlons donc de ces messieurs les maris, parce qu'ils comptent. Mellersh, le mari de Lottie est interprété avec une veulerie (au début) jouissive par l'excellent Alfred Molina; et Frederick Arbuthnot, jouisseur, infidèle qui ne demande qu'à retrouver le chemin du bercail, trouve les traits et le jeu toujours truculent mais pas envahissant de Jim Broadbent.
Ce film rend heureux. Les images sont belles et simples, comme une peinture. Les personnages impeccablement interprétés sont attachants, intéressants et plein de vérité.
Ce film comme son titre est enchanté. Il donne envie d'aller en Italie et de manger des oranges sous un olivier, le soleil jouant entre les feuilles des arbres ou même de juste s'écouter un peu, s'ouvrir aux autres et vivre.
Chaque personnage repart au bout d'un mois pas changer profondément mais avec une calme envie de vivre. Et le spectateur de même : Carpe Diem.