L' Axe Du Mâle

Axe (Lisa Lisa) de 1974 est un tout petit film tant par sa durée, que son budget, son tournage ou ses ambitions. Premier film de Frederick R Friedel qui est aussi scénariste et acteur, Axe est un mélange de home invasion et de rape and revenge qui ne se cache pas d'avoir vu La Dernière Maison sur la Gauche et d'emprunter le même chemin. Un court film souvent très maladroit, un peu fauché et qui ne raconte pas grand chose mais qui parvient à capter une sorte d'attention hypnotique un peu malsaine renforcée par ce grain si particulier et unique du cinéma d'exploitation des seventies.

Axe est un film qui raconte tellement peu de choses qu'en faire le résumé revient à en dévoiler toute l'intrigue. Il est ici question de trois truands qui après avoir tué un type sans trop que l'on sache pourquoi, se réfugient sans trop que l'on sache pourquoi non plus dans une maison occupée par une jeune fille un peu étrange qui vit avec son grand père paralysé. Après avoir violé la jeune fille, les truands vont subir sa vengeance mais là au moins on comprend pourquoi.

Dix petits jours de tournages sur des chutes de pellicules , un budget réduit au strict minimum, un montage qui semble avoir été effectué avec la même hache que l'arme du film ou une musique composée en une journée, voilà quelques ingrédients pour un pur film de drive in qui sait tellement qu'il va surtout servir de bruit de fond à des adolescents qui jouent à touche pipi qu'il se contente d'aller tout droit à l’essentiel. Axe qui fera parti de la liste des fameuses Nasty Vidéos bannis d'Angleterre ne s'embarrasse donc pas de sous texte, de caractérisation des personnages ni de volutes dans son écriture et se contente d’illustrer l'argument qui fait figure de scénario en enquillant les scènes sans faire de détours. Les trois truands dont un plus en mesure et en retrait interprété par le réalisateur du film lui même, commencent donc par tuer un un type avant que son petit ami ne saute par la fenêtre (bruit de verre brisé hors champ). Un passage à tabac que les bruitages approximatifs rendent assez amusant ce qui à priori n'était pas vraiment le but recherché , ensuite nos trois voyous vont aller jouer au ball-trap avec des fruits dans une supérette et jouer à Guillaume Tell avec la pauvre vendeuse contrainte de retirer son chemisier et se mettre une tomate sur la tête. Il reste alors une bonne demi heure pour le dernier acte lorsque les criminels investissent la maison de leurs derniers soupirs. La force de ce final tient pour beaucoup dans l'introduction (sans mauvais jeux de mots) du personnage de Lisa, une jeune fille étrange, toute molle et sans la moindre expression de peur, de colère, d’inquiétude ou de rage. La jeune fille est encore moins expressive que son grand père handicapé posé comme une plante verte devant la télévision, du coup le personnage devient assez fascinant comme une belle coquille vide, une figure imprévisible et insondable. C'est la jeune comédienne Leslie Lee dont ce sera l'unique film qui incarne Lisa et si il est difficile de lire les émotions du personnage son air virginal de jeune fille, ses grands yeux tristes et sa manière froide et détachée de se venger en font un personnage assez marquant et même inquiétant.

Techniquement il ne faudra pas trop en demander au film, on sent les dialogues bidouillés en post production avec des personnages qui bougent à peine les lèvres ou qui sont filmés de dos quand ils parlent et la musique utilise quelques boucles sonores qui se répètent avec notamment une sorte de roulement de tambour qui revient régulièrement et qui m'a fait penser un instant que c'était le lapin Duracel qui avait composé la musique. Autres détail amusant, par négligence, par paresse, pour gonfler la durée du film ou pour faire un effet de style certaines scènes et dialogues se répètent deux fois de suite comme une sorte de bug narratif. Autres détail amusant, par négligence, par paresse, pour gonfler la durée du film ou pour faire un effet de style certaines scènes et dialogues se répètent deux fois de suite comme une sorte de bug narratif. Le montage très cut est assez maladroit et parfois assez amusant comme lorsque Frederick R Friedel multiplie les plans redondant pour construire son suspens lorsque au tout début du film les trois truands attendent leur future victime. Bien que banni d’Angleterre et répertorié dans la liste des Nasty Video, Axe ne possède pas une violence graphique justifiant vraiment une telle censure. En revanche l'aspect un poil vicieux des personnages, le sadisme de leurs actes gratuits et l'apparente désinvolture de cette jeune fille qui poussera sa vengeance jusque dans des pratiques assez tordues et perverses font que près de cinquante ans après sa sortie Axe demeurera sans doute un film perturbant pour de nombreux spectateurs.

Axe demeure une petite curiosité rare et sympathique pour les amateurs de cinéma de drive-in même si le film n'a pas grand chose pour lui dans son originalité ou sa mise en scène.