Mais fallait-il en attendre davantage d'un film nommé Tyrannosaurus Azteca ?
Qui peut prétendre avoir tout vu en matière de bestiaire de troisième zone ? Cette interrogation peut faire sourire les lecteurs de passage, pourtant celle-ci n'a rien d'innocente tant l'imagination des industrieux du cinéma nous a prouvé par le passé une audace des plus « étonnantes ». Or si les réelles surprises tendent à s'amenuiser au fil du temps, force est de constater que les rencontres improbables font encore le sel et les beaux jours des productions dites décalées. Faites réunir deux personnages historiques de haut rang appartenant à deux périodes distinctes, jouer de l'anachronisme et vous obtiendrez un met, certes indigeste mais ô combien roboratif. Soit à ma droite l'un des plus sinistres et célèbres conquistadors du XVIème siècle, Hernán Cortés, et à ma gauche la terreur du Crétacé, le dénommé Tyrannosaure Rex, de quoi titiller facilement une déviance qui n'en demandait pas tant, n'est-ce pas ?
En 1521, le capitaine Hernán Cortés à la tête d'une armée de conquistadors espagnols triompha de l'empire aztèque et conquit le Mexique. Cependant, oublié de l'histoire, voici le récit du tout premier voyage de Cortés vers ces terres hostiles, et du combat qu'il mena contre un ennemi sanguinaire et terrifiant...
La véritable l'histoire d'Hernán Cortés (Ian Ziering) serait donc la suivante. Accompagné d'une frêle escouade de six hommes, Cortés débarque sur le nouveau continent à la recherche de trésors. Le capitaine espagnol découvre un village aztèque et décide de l'attaquer pour leur subtiliser leur précieux or. Mais celui-ci ainsi que plusieurs de ses hommes se font capturer par le chef du village, Matlal (Allen Gumapac), qui coïncidence parle couramment espagnol depuis qu'un prêtre est venu s'échouer après le naufrage de son navire... Fort heureusement pour Cortés, le lieutenant Rios (Marco Sanchez) parti à la recherche d'un deuxième village, sauve entre temps la fille de Matlal des griffes d'un Tyrannosaure Rex. Contre l'avis du chaman Xocozin, ce dernier ayant pour l'habitude de sacrifier les villageois pour calmer ce « lézard sacré », Rios devra exterminer le vorace dinosaure en échange de la liberté de ses compagnons...
Un tyrannosaure (accompagnée de madame - SPOILER) perdu à travers les âges (farouches) dans une vallée mexicaine et des conquistadors assoiffés d'or à la conquête du nouveau continent, voici donc la confrontation à laquelle nous convie le réalisateur Brian Trenchard-Smith. Produit pour la célèbre et fumeuse chaîne du câble étasunienne SyFy, Tyrannosaurus Azteca ne dépasse bien évidemment jamais les maigres attentes que pouvait laisser présager l'accroche de départ.
Le budget médiocre de ce direct-to-video fait ainsi la part belle à des effets spéciaux numériques très bon marché, et à des décors anémiques prenant la forme d'un autel aztèque en kit, doublé d'un village factice tout droit tiré d'un parc d'attraction cheap en mal d'exotisme (avec armes et plastrons en plastique en prime). Quant aux interprètes, la déception (relative) est également de mise tant les pauvres diables embarqués dans ce triste carnage post-colombien ne sont venus que pour offrir le minimum syndical ; moyennement concernés (on ne le serait à moins) par les enjeux prévisibles de cette histoire convenue et de ses personnages clichetonneux à souhait : le héros, le traitre, la bonnasse et les imbéciles venus se faire boulotter.
Tourné à Hawaï, le combat attendu entre le « lézard sacré » et celui qui mettra à terre quelques années plus tard l'empire de Cuauhtémoc ne vaut forcément pas tripette. L'avide Cortés sous les traits du falot et méconnaissable Ian Ziering n'est d'ailleurs qu'un prétexte, sa présence apportant peu... contrairement à la formidable perruque brune dont est affublé l'ancien interprète de Steve Sanders de la série Beverly Hills 90210. Puis, les quelques amateurs de séance gore pourront toujours apprécier les quelques litres sang déversés et les intestins disséminés ici ou là, mais c'est bien peu.