Baarìa tonitrue pendant plus de deux heures et demie, soucieux d’imposer une fresque monumentale, à l’image de celle qui orne l’église de la ville, articulant une destinée individuelle et familiale d’une part, faite de naissances, d’alliances et de disparitions, et celle de Baarìa porteuse de toute l’histoire de la Sicile entre 1930 et 1980. Pourtant, cet entrelacs ne tient pas : la reconstitution fastueuse écrase l’humain et ses enjeux sous des couches d’artificialité dommageables, incapables en somme de nous livrer un récit fluide et immersif. Le long métrage se compose d’une suite de vignettes mal raccordées entre elles ; le montage saccadé cultive les fondus au noir comme s’il s’agissait d’une signature esthétique ou de la traduction à l’écran de l’entreprise mémorielle du réalisateur ; la lumière enlaidit considérablement les plans sous prétexte de leur appliquer une laque vintage. Quant à la vision portée sur le passé et l’enfance… Tout le monde beugle, s’apostrophe et surjoue selon une peinture topique de l’Italie qui frise la parodie. Autrement dit, rien ne vit ici, si bien que l’accumulation des discours politiques, loin de nous partager le feu de l’engagement, tourne à vide et lasse son spectateur, pris de maux de tête devant ce spectacle sans queue ni tête.