Non que le jeune dinosaure ne soit pas mignon tout plein – malgré le latex visible – et son histoire touchante (sorte de Land Before Time aseptisé), non que l’aventure n’emporte pas un spectateur friand de grosses bébêtes préhistoriques et de manichéisme forcé ; le problème de fond, dans Baby, Secret of the Lost Legend, c’est que l’ensemble dramatique ne raconte rien ou alors pas grand-chose, s’appuie sur un scénario des plus balourds et surtout incapable de disperser le moindre mystère ni la moindre légende. Mais quel est ce titre ? Quel est le lien avec le film que nous avons sous les yeux ? Les dinosaures apparaissent sans provoquer d’extraordinaire, paissent là comme de vulgaires animaux que l’on rencontre tous les jours en allant se promener. Le bébé – nommé grossièrement Baby – devient chien-chien domestiqué et anthropomorphisé pour notre plus grand déplaisir, fait les quatre cents coups, dérange le couple au lit (bon dans les fougères) et l’empêche de dormir en lui faisant les gros yeux. Œuvre destinée aux plus jeunes ? Non car les coups de feu abondent et la violence est présente. Et puis ces clichés insupportables ! On donne à un Noir forcément indigène une montre « parce qu’elle fait tic-tac », on prend en photo toute la tribu bien souriante, la femme blanche console contre son sein un bébé noir « qui a un gros chagrin » sur un air de tourisme-humanitaire pseudo-humaniste… Tout cela sonne assez faux, résonne comme la supériorité blanche venue à la rescousse d’une espèce en voie d’extinction ou pour en tirer profit, ce qui n’est guère mieux. Enfin, une métaphore filée de la maternité rattache sans cesse l’héroïne à son devoir conjugal par le biais de Baby ; ce n’est d’ailleurs pas anodin si le couple fait l’amour en sa présence et si, au préalable, l’homme a rappelé à madame son souhait d’engendrer une progéniture. Baby, Secret of the Lost Legend souffre par conséquent de relents racistes et misogynes qui, pour l’époque, devaient être acceptables mais qui, aujourd’hui, ne le sont plus vraiment. Pas de chance pour notre dinosaure dont le long cou, au lieu de lui faire miroiter les sommets, plonge, comme l’autruche, dans l’obscurité et l’oubli. N’est pas Petit-Pied qui veut !

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le 24 oct. 2018

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