En tant qu'enfant de la cité phocéenne, c'est un plaisir de voir cette ville autrement. Parfois caricatural, parfois unilatéral, BAC Nord reste un film qui rend un véritable hommage à cette ville si compliquée, et à ses habitants. La caméra trouve une véritable beauté, voir de la poésie dans ces décors que les Marseillais croisent tous les jours sans jamais les voir.
Si le film n'est pas exempt de défauts dans sa manière de traiter les rapports entre la police et les habitants de ces "cités", parfois trop sensationnaliste à mon gout (notamment en ce qui concerne l'assaut de la fin du film, où on se croirait dans un blockbuster, bien que la tension soit palpable, ou encore lors des scènes d'ouverture du film), je garde le souvenir de certaines scènes réellement fortes symboliquement.
Outre l'excellente scène musicale en voiture, où pour un moment les flics et un jeune délinquant abandonnent les apparences et se rapprochent juste un temps, j'ai été particulièrement marqué par une des premières confrontations du film entre l'équipe de la BAC et "la cité".
En poursuivant une voiture volée, ils voient leur route barrée par un groupe d'habitants, en montés sur leur scooter et casqués, dans une sorte de confrontation médiévale devant les portes de la "cité" qui n'a jamais aussi bien porté son nom, une sorte de forteresse aux immenses murs blancs, impénétrable pour les Flics, mais également prison pour ceux qui en viennent. S'ensuit une confrontation qui n'est pas dénuée d'ambiguïtés où chacun se renvoie do-à-dos, avec ses contradictions.
Un film qui gagne à être vu, et qui aborde la thématique de ces "quartiers" dont on parle beaucoup sans jamais y aller, autrement (peut être moins bien ?) que Les Misérables ou Gagarine, sans toutefois tomber dans la caricature, gentils flics/ méchants voyous et vice-versa. Oui, les héros sont des policiers aux méthodes douteuses, et s'ils ne sont jamais dénoncés, je ne trouve pas qu'ils soient non plus encensés, ils sont traités comme des hommes simples, qui auraient très bien pu être de l'autre côté des murs de la cité et c'est probablement ça qui leur permet d'évoluer dans un tel univers.
On en ressort avec l'impression que tout cela est insoluble, et c'est probablement ce qui était souhaité.