Après une bonne heure où l’on croirait presque assister à une parodie du long-métrage de Ladj Ly « Les Misérables », le film se décide enfin à apporter plus d’ambivalence et de finesse à son propos.
« BAC Nord », c’est le genre d’intrigue qui va à 15 000 à l’heure pour en mettre plein la vue et essayer tant bien que mal de rendre une copie fidèle de la réalité des quartiers Nord de Marseille. Si le côté frontal et brutal des conflits est pour le moins réussi, une certaine lassitude ou en tout cas des interrogations surviennent à cause d’une vision stéréotypée dans plusieurs scènes. Prenez par exemple le gosse dans la voiture qui gueule les mêmes sempiternels "nique ta m***" pendant 2 minutes. Je ne sais pas si c’est sur-joué exprès pour en rajouter des caisses ou pour accentuer la sensibilité de ces quartiers et ainsi mieux soutenir le propos du film qui sous-entend « on ne peut plus les sauver qu'en étant sans pitié et en utilisant la violence » mais ça parait parfois exagéré.
Quoi qu’il en soit, le film prend (heureusement) une tournure plus inattendue au bout d’une heure avec une sorte de police des polices. C’est assez bien vu et même si on aurait pu aller plus loin à mon goût dans ces conflictualités qui donnent le tournis, on comprend bien à quel point les vrais perdants de l’histoire sont les brigadiers de la BAC. Ils se retrouvent bien souvent seuls, confrontés au besoin de faire des résultats en amont mais abandonnés par la hiérarchie en aval lorsqu’il s’agit de valider ou défendre des méthodes qui sortent du cadre pour une très grosse prise. C’est le serpent qui se mord la queue. Personne ne veut tomber et c’est la jeune dealeuse informatrice qui finit par être dénoncée… L’histoire est alors cruelle et sacrément triste quand on sait que c’est le quotidien de ces brigades peu conventionnelles et de ces populations locales. Elles doivent faire le sale boulot sauf que l’on comprend bien que tout est perdu d’avance ; récupérer 5 kg de cannabis ou de cocaïne ne pourra pas « sauver » ces quartiers.