ça!!
Pour ceux qui n'auraient pas encore peur des clowns, ce n'est pas irrémédiable... J'ai mis ce film pour m'occuper pour faire autre chose, et impossible, dès les premières secondes je me suis...
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le 18 août 2011
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Alex De La Iglesia est un réalisateur que j'aime beaucoup car il a toujours su me surprendre dans chacun de ses films. Crime à Oxford, qui ne fait pas l'unanimité m'avait très intéressé par sa galerie généreuse de personnages, La chambre du fils m'avait bien fait flipper et surtout son Crime Farpait m'avait fait hurler de rire. Si l'on ajoute à la créativité sans borne qui peuple les films du bonhomme son engagement personnel, son intégrité et son franc parler, je suis véritablement fan du personnage. Et si j'ai fait traîner le visionnage de cette balade pas très heureuse plus que de raison, c'était uniquement par crainte d'être un peu déçu. J'avais tort, le film est à l'image de son auteur, foutraque parce que trop ambitieux mais également envoûtant par la générosité sans limite qui l'habite. De La Iglesia va jusqu'au bout de ses envies, pare son film d'une esthétique à tomber pour nous propulser dans un univers barré où les clowns ont troqué joues rouges et grosses mains qui donnent des claques contre des brûlures au fer à repasser et des fusils à pompe généreux en plomb.
Ce côté sans concession et très noir peut vraiment surprendre, d'autant plus que le cinéaste se laisse aller à un mélange des genres sans se préoccuper du résultat. Et si l'ensemble tient vraiment bien la route, certains passages sortis de nulle part semblent un peu too much. Mais au final, c'est tellement dans l'esprit du film qu'on ne peut en tenir rigueur à De La Iglesia et qu'on passe dessus en souriant. Le motard fou qui se ramasse tout le long du film, ça semble tellement timbré que finalement ça permet d'alléger un peu l'ambiance morbide qui anime Balada triste. Le reste est un pur récital d'inspirations diverses et variées pour tordre le cou à la belle moralité qui habite généralement l'univers du cirque que le réalisateur se plait à travestir à coup de barbelés. Dans l'univers de De La Iglesia, les clowns veulent faire rire mais font peur, vraiment peur.
Pour ne rien gâcher, on sent dans ce film une réelle maîtrise technique. De La Iglesia et son équipe mettent sur pied des atmosphères soignées qui nous transportent dans un monde déroutant, avec enchantement et terreur. Tout le final dans les pseudos catacombes, qui se finit au sommet d'une croix en pierre gigantesque est savoureusement inquiétant. Les maquillages sont également des plus réussis et parviennent sans mal à faire des deux clowns qui se livrent bataille des monstres effrayants qui ne font pas semblant. Quand De La Iglesia décide de mutiler la tronche de ses deux clowns, il n'y va pas par 4 chemins et sort l'acide. Le résultat en plus d'être bluffant permet aux deux personnages de vraiment être à part, dans une surenchère que les autres ne peuvent suivre, et dont l'objet de la bataille qu'ils se livrent reste l'unique lien avec un monde fait de logique.
Les deux acteurs qui incarnent ces personnages en proie à l'amour - parce que Balada Triste est avant tout une histoire d'amour sordide articulée autour d'un triangle amoureux bien barré -, sont complètement investis dans leurs rôles. Carlos Areces parvient à doser finement la façon dont il incorpore la folie à Javier, sa transformation en psychopathe qui retrouve par moment la raison est succulente. Antonio de la Torre rend son perso détestable dès le début et petit à petit nous le faire prendre presque en pitié. On finit le film complètement perdu : toute l'empathie qu'on avait pour le premier clown s'évapore quand il perd totalement les pédales et cette haine que l'on avait pour le second s'émiette lors de sa descente aux enfers. Au niveau des autres rôles, c'est du velour également. La troupe du cirque est bien colorée et Carolina Bang est d'une beauté fatale qui légitime totalement la baston que se livrent les deux coeurs passionnés. Véritable atout charme du film, elle sait aussi apporter cette ambivalence nécessaire pour que l'on ne prenne finalement parti pour personne, et surtout pas pour son personnage.
Et c'est ça la vraie prouesse du film, de ne faire de personne l'emblème de la gentillesse ou de la cruauté. Tout le monde est paumé, tour à tour malsain et aimant, à tel point qu'à certains moments c'est bien la belle qui devient la personne détestable du film. Balada Triste de trompetta est un bon cru De La Iglesien. J'ai pris beaucoup de plaisir à me faire chahuter par ce spectacle de cirque en équilibre instable, naviguant entre différents genres, dans une générosité qui ne faillit jamais. Un film qui marque une nouvelle fois la filmographie d'un cinéaste qui ne connait pas le compromis, cette fin noire sans concession en est la preuve irréfutable.
Créée
le 25 févr. 2014
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