Lobotomisés, et les poches vides

Voilà un film qui me laisse sceptique.
On a une belle image, et des regards en coin d'Anna Karina, mais c'est à peu près tout.

Anna Karina, qui avec son petit regard arrive parfois à combler un peu le vide du film. Seulement son rôle est tellement dépourvu de personnalité qu'on n'a même pas l'impression d'une performance spéciale de sa part, ni de celle des autres acteurs.
Les personnages sont plats et sans substance. Totalement passifs (mais au scénario et non à la vie), ils enchaînent les réactions molles tout au long du film. Alors peut-être l'idée est de les montrer un peu partagés, mais personnellement je n'arrive pas à croire une seule seconde à leurs motivations, ni à leur absence d'états d'âmes. Ils n'ont aucune existence hors du plateau, et pas beaucoup de prestance. Qu'est-ce que c'est que cette Odile, qui change d'avis mais avec si peu de conviction que l'on s'en rend à peine compte ? Et ces deux gars qui se demandent qui pourra se la taper alors qu'aucun des deux ne semble en avoir envie, simple débat de forme...
Les personnages avancent dans l'histoire, guidés par un scénario céleste. Leur vie n'a pas de sens, ils n'existent pas. Mais cette vision arrive comme un accident, ce n'est même pas le sujet du film.
Toutes les scènes qui pourraient avoir un intérêt psychologique tombent donc à l'eau, même l'espèce d'excès dans les réactions d'Arthur sont apaisés par l'aphasie des autres personnages.

L'histoire, un triangle amoureux assorti d'un plan de casse fumeux, n'en est pas plus crédible. Disons qu'elle n'est, de base, pas intéressante,et que le film n'est pas assez bien fait pour qu'elle le semble.
Alors même si sur le coup j'arrive à suivre le film avec plaisir, une partie de moi a envie de faire autre chose, parce que je m'ennuie. Je me fiche de ces personnages en carton et de ce qui leur arrivera dans cette histoire. De toute façon il n'y a pas d'évolution de leur point de vue.

Peut-être qu'un jour Godard aura un jour la bonne idée de ressortir la bobine et de mélanger toutes les scènes, les recomposer pour en faire quelque chose d'intéressant et d'un peu plus ambitieux.