A Hard Day's Night
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Proche de l'inanité de Pierrot le fou (1965, à venir) sans jouer sa carte de l'agitation euphorique, Bande à part est un cas d'école au rayon cinéma déglingué didactique. Le meilleur à en tirer est la balade dans le Paris 'actuel' romantisé donc d'époque : métro, cafés, rues, chantiers.. Y circulent des fils et filles à papa nonchalants et dispersés, portés par l'envie d'être des petits héros de romans d'aventure, d'escroquerie et de simagrées psy-culs candides. Ils swinguent à trente d'apparence ; des sortes de post-ados tranquillisés mais avides de bavardages, d'actualités et de culture compacte, d'expériences ludiques et théâtrales, de poses ou impulsions précieuses et fugaces.
Godard s'est autorisé cette récréation juste après Le Mépris, pour occuper une actrice, avant une période encore plus prolifique (les années 1960 resteront les plus intenses). Il assume la voix-off et à travers elle épingle des faits et des états d'âmes se voulant aériens. L'effet doit être sophistiqué, le romanesque est détruit. Fauché mais assisté, l'exercice sent le remplissage ; il faut avec lui hausser les épaules concernant le souci de vraisemblance et d'intensité (le cambriolage, son but, la méthode, les hommes : c'est intenable si on essaie de le prendre au sérieux – ce qui ne pourra se produire qu'après-coup). Pas question de s'avouer démunis malgré tout ! On y va ad hoc et jette du Jules & Jim (Truffaut 1962) d'ultimes aventuriers de salon, la course au musée étant le climax. Les ambitions sont fortes mais le dédain l'emporte.
On jette des paradoxes à la gueule du spectateur, commente sa propre narration ou ses quarts de promesse par instants. Ou l'état de chacun, qui se résume aux envies et aux pensées triviales mais grandiloquentes. La digression et les manières ne sauveront personne. Dans le métro Brasseur et la fille essaient de se représenter en direct l'effet koulechov (en tenant compte des réactions supposées du spectateur, confondu comme un seul homme). C'est l'épice 'méta' la plus forte et raffinée pour accompagner l'abrutissement – penaud, le spectateur n'est pas agressé, lui aussi a mille fois l'occasion de s'oublier faute de mieux. À un moment, au bar, le trio sombre dans une minute de silence ; alors le spectateur la subit aussi. On coupe le son parce qu'on est les maîtres du jeu. Youpi c'est la liberté tout peut se découper et on choisit quand on se fait chier. Ça valait le coup de grandir et d'acquérir la technique.
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le 10 janv. 2017
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