Critique «  Basic Instinct » : là tout n’est qu’ordre et beauté, baise, mystère et volupté » 

Dès les premiers instant on comprend très vite le côté cultisme d’un film qu’on ne présente plus et qu’on ne présente plus. En effet Verhoeven s’impose ici comme maitre dans l’art subtil de nous proposer un thriller-polar érotique. D'autres s’étaient essayer dans le genre toutefois bridés par les années de sortie du film ( notamment les années 50) avec une production datant de 1992, Verhoeven s’affranchit de beaucoup de censure et laisse place à la volupté, à la luxure et aux plans veritgineux qu’offre « Basic Instinct »qui est, sans l’ombre d’un doute, un grand spectacle érotique, sensuel et non démuni d’un sens du suspens et du rythme

La tension tout le long du film qui tient en haleine le spectateur se base principale sur le trio : Michael Douglas, Sharon Stone, Jeanne TrippleHorn ou : le flic qui a un certain problème avec la détente et les deux femmes fatales, l’une brune, l’autre blonde, l’une représentant la femme rangée travaillant main dans la main comme thérapiste des inspecteurs, l’autre femme richissime, libérée, affranchie de tous les moeurs, libre, mystérieuse et manipulatrice, quoi que, la manipulation, c’est peut-être le mot phare de ce long métrage : C’est une histoire d’amour, de plaisir charnel et de manipulation, principalement. Outre la tension on trouve aussi beaucoup de violence épurée, à la différence des scènes de sexes et de séduction de tout sens de l’esthétique, une violence à la fois sexuel et une violence par les pulsions meurtrières. 

Si le sens de l’esthétique ne manque pas et le goût du risque pris par le réalisateur ne déçoit à aucun moment, c’est peut être sur le découpage que je reste un peu sceptique. Sur un film de 2h on reste quand même sur une heure tapageusement criarde  - et peut être, pas forcément utile, si ce n’est pour le gout du spectacle, un peu à la manière de Baz Luhrmann- ou l’on enchaine les plans rapprochés ( sur le corps de la femme principalement pour rappeler toujours plus la tension sexuelle du film, pierre angulaire de ce dernier), les scènes de nuits ou du monde de la nuit et de provocation qui, finalement, ne mènent pas bien loin dans l’intrigue. A mon sens ces scènes sont faites pour rappeler le caractère irrésistible de la femme fatale et le côté inéluctable de la romance qui éconduira notre inspecteur qui perdra son tempérament  pour finalement lui même se perdre dans son enquête et, par la même, réussir intelligemment à perdre le spectateur et à se jouer de lui. 

Passé ce jeu du chat et à la souris, souvent tapageur, criard et adroitement parfois obscène on retrouve ce qui semble manquer la première heure : Les révélations, les twists sur plot twists, les rebondissements, les découvertes, la crédulité du spectateur prise au dépourvu mais vraiment pas déçue. Ajoutons une chose extrêmement plaisante : on se laisse berner par les personnages qui sèment en nous le doute sans toutefois se départir du danger que l’on sent peser sur Michael Douglas, à vrai dire la tension ne quitte jamais le récit et c’est bien là, la force du film. Le visage de la femme est extrêmement mis en lumière  dans toute son ambiguïté par le réalisateur lui donnant mille visages : celui de la femme aimante, de la femme dangereuse, manipulatrice, de la femme amoureuse et en proie au deuil mais finalement, qui sont ces femmes? Que ce soit pour Beth ou Catherine Hammel, on ne le saura jamais vraiment : elles sont ce qu’elles décident d’être au gré du mensonge ou de la manipulation.

Ceci étant « Basic Instinct », pour reprendre un fameux poème de Charles Baudelaire, Paul Verhoeven offre au spectateur un beau triller érotique que l’on pourrait résumer ainsi «    Là tout n’est qu’ordre  et beauté, luxure, calme, baise, mystère et volupté », cela dit, jusqu’à la fin, on ne détourne pas son attention de l’écran et on ne peut que se méfier «  du pic à glace » qui dort. La chute qui est une fin libre est en réalité le clou du spectacle : aucun mystère ne trouvera de véritable réponse mais le danger toujours une victime...

Claudia_Chml
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le 23 juil. 2022

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