Il n'y avait pas que du sexe dans le premier film

Autant dire tout de suite qu’il s’agit-là d’une suite que nous n’avions pas venue venir ! Et pour cause, il s’agit du sequel d’un film datant de 1992 et qui se suffisait à lui-même. Et pour lequel le brillantissime Paul Verhoeven (à qui nous devons également RoboCop et Starship Troopers) se retrouve remplacé par Michael Caton-Jones, un cinéaste qui ne possède pas vraiment de grands titres à son actif (juste Rob Boy avec Liam Neeson et le très discutable Le Chacal opposant Richard Gere à Bruce Willis). Non seulement Basic Instinct 2 ne faisait aucunement partie de nos attentes, mais en plus, le projet n’avait rien de bien alléchant. A-t-on eu raison de le redouter ?

Désormais, la romancière Catherine Tramell (Sharon Stone) vit à Londres, où elle continue de vivre pleinement son existence emplie d’aventures sans lendemain. Mais à nouveau, elle se retrouve soupçonnée de meurtre. Celui du footballeur Kevin Franks (Stan Collymore), qui était en sa compagnie lorsque sa voiture tomba à l’eau. Dès lors, elle fait la rencontre du psychanalyste Michael Glass (David Morrissey), engagé pour dresser son profil psychologique. Mais une fois innocentée, elle poursuit ses rendez-vous avec lui, au point d’engager un dangereux jeu de séduction, amenant Glass à être mêlé à une sombre affaire de meurtre.

Ne passons pas par quatre chemins : Basic Instinct 2 reprend absolument la même trame que son prédécesseur. À savoir le film démarrant sur la mort d’un personnage, l’accusation que l’on porte à la romancière, celle-ci s’amusant avec les personnes s’occupant de l’enquête, l’homme « l’affrontant » tout en devenant attiré sexuellement par elle, ce dernier ayant vécu un drame passé qui va refaire surface… Comme si les scénaristes ne s’étaient pas foulés pour devoir livrer cette suite en temps et en heure. Et qui n’ont pris aucun risques de se lancer dans une histoire qui aurait dénaturé celle du premier film, préférant garder la trame scénaristique de base afin d’affirmer aux spectateurs qu’ils on bien affaire à un Basic Instinct. Pourquoi pas ? Du moment qu’on se laisse prendre au jeu ! Malheureusement, nous sommes très, très loin de la perversité extrême qu’avait été le long-métrage de Paul Verhoeven.

Qu’était exactement Basic Instinct premier du nom ? Un thriller érotique, certes. Mais un thriller qui savait manier le suspense à la perfection ! Qui établissait une ambiance diablement tendue. Qui rendait une scène de sexe aussi palpitante et entrainante qu’un moment de bravoure dans un divertissement d’action (le film devait beaucoup à la sublime musique de Jerry Goldsmith). Pour preuve, la séquence où Michael Douglas couchait enfin avec Sharon Stone : une scène torride, sulfureuse, qui faisait monter la pression dès que cette dernière reproduisait la scène de crime du début, puis cherchant sous le lit, en pleine extase, l’arme du crime qu’était le fameux pic à glace pour finalement se rabattre sur Douglas, sans rien à la main. Pour Basic Instinct 2, c’est un tout autre constat qui s’offre à nous. Plus exactement, c’est le premier film, mais sans le suspense.

Du coup, nous nous retrouvons avec un thriller sans queue ni tête. Dans lequel les personnages se lancent dans un face-à-face érotico-psychologique incompréhensible voire ridicule. Où la tension ne répond jamais présent, la faute à un scénario fumeux (qui va jusqu’à utiliser bêtement certains clins d’œil au film précédent, comme le pic à glace ou l’intervention du personnage de Philip Walker), une Sharon Stone qui se parodie au possible, une mise en scène bidon et une très mauvaise utilisation de la bande originale (reprise du thème du premier film, mais pas pour les bonnes séquences, donnant à cette suite des airs de série Z de bas étage). Il n’y a qu’à voir les premières minutes, la séquence de l’accident : montage anarchique sur fond de musique à la limite du hip hop, nous faisant plus croire à un clip plutôt qu’à l’ouverture sexy et prenant de l’opus précédent.

Pire, il semblerait que Michael Caton-Jones et son équipe n’aient retenu qu’une seule chose du film de Paul Verhoeven : le sexe. Et cela, Basic Instinct 2 en dégage à chaque seconde ! Il n’y a qu’à voir la version censurée du film, qui regroupe énormément de scènes érotiques qui rincent l’œil et rien d’autre. Mais même la version sobre dite « version cinéma » pue le sexe à plein nez : moins de séquences osées mais tout autant de répliques y faisant allusion. D’ailleurs, je ne me rappelle pas que les personnages en parlait autant dans le premier film. Ici, chaque discussion contient au moins le mot « bite », « chatte » ou tout autre terme de ce genre. Une surdose de sexe qui rend Basic Instinct 2 incroyablement vulgaire et non sensuel. Si vous voulez un autre exemple, regardez la façon dont est filmée la tour où travaille Michael Grass : une sorte de pénis en érection, trônant au beau milieu de notre champ de vision. Dans le 1, les fameuses scènes de sexe avaient de l’intérêt. Ici, elles n’en ont aucun. Juste pour compléter une sorte de cahier des charges typiquement hollywoodien.

Au final, Basic Instinct 2 peut se voir comme un très mauvais remake du premier, qui a tout misé sur le charisme sensuel de Sharon Stone (même si sa prestation dans cette suite laisse à désirer, on ne peut renier son aura) tout en oubliant ce qui faisait la grande force du long-métrage de Verhoeven. Pour finalement n’être qu’un thriller érotique tape-à-l’œil et ennuyeux. Nous avions bien eu raison d’appréhender un tel projet. Mais de là à devoir faire face à une telle ineptie, ce n’était même pas pensable !

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