Et je continue avec les longues adaptations animées de Batman ! Cette fois-ci, je m’attaque à du très lourd. En effet, Batman et Red Hood : Sous le masque rouge (que je simplifierai par Batman et Red Hood dans cette critique) est considéré comme l’un des meilleurs longs-métrages portant sur le Chevalier Noir. En même temps, l’intrigue traite d’un arc narratif marquant des comics, qu’est celui de la mort de Jason Todd (le second Robin) et de l’apparition du personnage de Red Hood, lié à cette dernière. Une histoire sur le papier prenante et qui met en valeur les nombreuses complexités liées au justicier masqué de Gotham et à son univers. Après un Assaut sur Arkham très divertissant mais scénaristiquement peu travaillé et un The Killing Joke maladroit, je m’attendais cette fois-ci à du haut de gamme… et je n’ai pas été déçu !


Je ne l’ai jamais dit dans mes dernières critiques, il est donc temps que je me rattrape ! Au départ, j’ai toujours eu peur que l’animation de ces longs-métrages Batman nuise au rendu final. Et pour cause, celle-ci, souvent très proche de la série de Paul Dini, pouvait « adoucir » l’ensemble, inspiré d’une œuvre pourtant sombre. Il suffit de voir les DTV de Dead Space (Downfall et Aftermath), dont le gore et l’angoisse avaient totalement été dénaturés à cause d’un visuel qui rendait le tout un chouïa enfantin. Après, je dois bien avouer que niveau qualité et ambition, nous ne parlons pas du tout de la même chose ! Surtout qu’avec les Batman, l’animation est toujours de haute volée justement. Faisant honneur à la complexité et au côté mature des comics. Et ici, c’est encore le cas, ne faisant jamais défaut à la violence de certaines scènes (le Joker trucidant en une seconde les hommes de Black Mask, la torture de Jason Todd) et au look des personnages (dans ce Batman et Red Hood, celui du Joker s’avère être assez réussi, classe et terrifiant). Le tout se montre, qui plus est, suffisamment fluide et plaisant pour la rétine, ce qui n’est pas à négliger !


Mais le plus important dans Batman et Red Hood reste son histoire. Si le profane peut y voir un dessin animé adressé avant toute chose aux adeptes, avec ses caméos (Nightwing, Ra’s al Ghul, Black Mask, le Sphinx…) et des pans de l’intrigue nécessitant une connaissance assez fournie de l’univers Batman (l’identité des différents Robin, l’importance de certains adversaires et leur « mode opératoire » respectif…), il ne sentira jamais perdu. En effet, ce DTV en animation propose au public une intrigue prenante d’un point de vue « suspense » mais surtout une écriture très riche concernant les personnages. Notamment avec l’apparition du personnage de Red Hood, qui s’avère être une sorte de double maléfique de Batman (un justicier masqué voulant faire éradiquer le crime mais qui n’hésite pas à se mettre au niveau de ceux qu’il traque et même à tueur pour y parvenir). Ce qui permet ainsi d’approfondir l’image que nous avons du Chevalier Noir. De remettre en question son statut de super-héros et ses méthodes hors-la-loi. D’offrir une ampleur démesurée au personnage de Robin, souvent jugé comme un faire-valoir et une tête à claque. Et, indirectement, de renforcer le lien complexe et intrigant entre Batman et le Joker (revenant souvent sur la question du « mais pourquoi les deux adversaires ne se tuent pas ? Pourquoi Batman ne franchit-il jamais le pas ?»). Une œuvre riche, je vous le dis !


Et à l’ambiance diablement maîtrisée, qui plus est ! Sachant se montrer mature, violente et pesante comme il faut, sans jamais tomber dans la facilité. N’usant jamais d’artifices grossiers pour renforcer l’impact d’une scène, qui aurait pour le coup perdu de sa puissance (comme l’aurait fait une musique omniprésente et symphonique). Ici, tout est pensé avec savoir-faire pour marquer les esprits, choquer et retourner l’estomac (comme la torture de Jason Todd, sans musique, juste rythmée par les coups de barre de fer en hors-champs ou par les silhouettes sur le mur). Contrairement à The Killing Joke qui se loupera par la suite sur ce point-là malgré ses qualités.


Oui, Batman et Red Hood surpasse et de loin les longs-métrages animés sur le justicier que j’ai vu jusque-là. Il surpasse même la majorité des films, grâce à une richesse d’écriture et un profond respect des comics. De quoi montrer aux profanes que Batman n’est pas un simple super-héros. Mais plus un être humain d’une complexité tordue, ce qui le rend bien plus intéressant que ses congénères de chez DC Comics. Et avec ça, cela me donne encore plus envie de découvrir les autres adaptations animées du célèbre Chevalier Noir. Au suivant !

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le 25 août 2016

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