Laugh, miserable little punk...
La série Batman Beyond, malgré ses qualités, manque cruellement de méchants charismatiques (ou expédiés si vite qu'ils n'ont guère l'opportunité de le devenir). Peut-être les créateurs de la série en ont-ils eu conscience puisque pour le long métrage de cette chauve-souris nouvelle génération, ils décident de faire revenir le N°1, le joker. Quarante ans plus tard, c'était un pari risqué.
Je passerai sur la pirouette scénaristique permettant ce retour d'un joker n'ayant pas pris une ride : relativement invraisemblable et tirée par les cheveux, elle est le principal défaut du film.
Au risque de passer pour un puriste, je déconseille de visionner la VF - l'absence du doubleur habituel du joker sape considérablement la crédibilité du personnage alors que Mark Hamill offre une prestation glaçante en version originale- et surtout, surtout de fuir la version censurée, qui dénature totalement une des scènes les plus fortes du film, voire engendre un contre-sens total.
En terme d'animation, on est un cran au-dessus de la série mais le design est assez dépouillé et le chara-design un peu inégal - on aime ou pas le style visuel. En terme de scénario, on reste sur du classique (le joker veut détruire Gotham - on regrette que son plan manque un poil de cette touche originale qui le caractérise d'habitude) mais permet quelques scènes et confrontations fortes, notamment entre Bruce et le joker. Mention spéciale au flash-back dont je ne dirai rien ici mais qui donne lieu à une séquence d'anthologie, à la fois comique et glaçante, comme seul le joker sait les mettre en scène, rappelant que malgré son côté clownesque dans la série animée, il reste un psychopathe et un redoutable manipulateur.
Le plus intéressant reste finalement le face-à-face entre le joker - qui a mieux passé les années que Bruce Wayne - et Terry, le nouveau batman, dont les méthodes diffèrent beaucoup de son prédécesseur. A ce titre, l'affrontement final assoit réellement Terry comme héritier légitime de la chauve-souris (quand on bosse à la batcorp, le bizutage consiste à démonter le joker, message reçu). Pour moi, le film est une conclusion réussie de la série "Batman Beyond", à voir après les trois saisons. Terry Mc Giniss y acquiert ses lettres de noblesse et se détache de l'influence de son aîné sans nier ce qui fait tout le sel du personnage.