Encore un exemple qui fera date dans l'illustration de "comment bousiller un film au montage" avec la sortie cette semaine de la version longue de Batman v Superman.
Snyder est un habitué de ces charcutages en règle par les studios pour les sorties de ses films au cinéma.
Des personnages secondaires sacrifiés de Dawn of the Dead jusqu'à l'ampleur considérablement altérée de Watchmen (40 minutes coupées, si mes souvenirs sont bons), le film qui avait jusqu'ici le plus souffert du remontage par le studio était indiscutablement Sucker Punch dont le sens profond avait littéralement été zappé pour sa sortie. Un peu comme si on avait enlevé les révélations finales de Usual Suspect ou de Fight Club ...
Ici encore, la vision de la version longue remet un paquet de choses en perspective. Et si elle ne réussit pas à tout sauver dans le métrage.
Le "moment Martha" reste kitsh et mal géré.
L'introduction de Wonder Woman et de la future Justice League restent un peu posés là avec une cohérence toute relative.
Toute la dernière partie reste un beau bordel qui continuera de réjouir les fans de "destruction porn" et d'agacer les cinéphiles soucieux d'un quelconque sens de l'équilibre et de la respiration.
Pour tout le reste, par contre, et pour faire simple : c'est comme découvrir le film pour la première fois.
Comme si la version sortie il y a quelques mois n'était qu'une bande annonce brouilonne pour le véritable film qui nous est offert aujourd'hui.
Car ce n'est pas comme si la demie-heure en question concernait des séquences anecdotiques ou des intrigues secondaires. Loin de là ...
Le plan de Luthor, l'enquête de Loïs Lane, le poids des actions des deux héros sur le commun des mortels, les enjeux politiques et médiatiques autour d'eux ...
Il est difficile de compter par le menu tout ce qu'apporte cette version longue (ou plutôt ce qu'avait volé la version courte ...). Mais on peut finalement le résumer en peu de mots : Du sens, de l'émotion (ou au moins une véritable connection avec les personnages, la fluidité de la narration.
En bref, les alergiques à Snyder ne changeront certainement pas d'opinion (ouiiiiin c'est dark, ouiiiin des ralentis, ouiiiin c'est stylisé à l'extrème).
Et le film reste très objectivement imparfait.
Mais pour ceux que son approche intéresse et qui avaient, comme moi, été surpris et désapointés par le gros fouilli vu à sa sortie : le massacre est réparé, et on espère pour les suites que les execs de Warner verront que la mauvaise réception du film est entièrement de leur faute. Pas celle de Snyder.