ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILERS !!!!


Batman V Superman est la suite directe de Man of Steel, dans lequel Zack Snyder nous présentait son Superman plein d’espoir et de bonne volonté, se faisant une place sur Terre parmi les Hommes, iconisé comme un dieu. Personnellement, je salue le travail de Snyder qui a eu l’audace de nous présenter cette œuvre monumentale qui n’est certes pas parfaite mais qui mérite amplement de faire partie des références des films de Super-Héros. Je déplore le succès mitigé du film, causé par une très mauvaise campagne promotionnelle de Warner Bros et victime d’un très injuste bashing. Il ne peut certes pas plaire à tout le monde, mais on ne peut nier tout le travail qui a été fait sur ce film.
Dans ce film, Snyder introduit un certain nombre de personnages du jeune DCEU, le premier que l’on découvre n’étant autre que le Chevalier Noir : Batman.
Le Batman de Snyder est très proche de celui des comics, en particulier lors des scènes d’actions. Sa première apparition m’a tout de suite fait penser à un film d’horreur avec le policier qui monte lentement les escaliers, la musique accentuant la tension de la scène et Batman accroché au plafond comme une créature cauchemardesque. Là où Nolan cachait Batman avec des jeux d’ombres et de caméra, Snyder nous l’exhibe dans toute sa puissance. La scène de libération de Martha par Batman restera une référence en tant que scène d’action « un homme VS une bande de malfrats », et c’est pour moi l’une des meilleures scènes de combats qu’il m’ait été donné de voir. Tout y est : plans sombres et iconiques, mouvements de caméra parfaits, brutalité, rapidité, c’est la scène de combat de Batman que beaucoup attendaient au cinéma.
Le Bruce Wayne interprété par Ben Affleck est convaincant : déterminé, voulant tout contrôler, hanté par son passé (la mort de ses parents et de Robin (Jason Todd tué par le Joker ?)), … Cependant, j’ai trouvé l’interprétation de ce personnage par Christian Bale était plus touchante. En effet on voyait vraiment sa vie comme une tragédie, et comme le disait Alfred à Bruce dans The Dark Knight Rises : « Vous ne voyez aucune fin heureuse à votre odyssée ».

Au contraire, le Bruce Wayne de Ben Affleck est davantage en colère que triste : à mon sens, il apparaît donc moins héroïque. Cela est sûrement fait exprès car le héros du film est Superman ! Oui, ce qui m’a particulièrement plu dans ce film est le fait que Snyder parvient à faire de Batman le premier « méchant » que devra affronter Superman.


Ce premier ennemi incarne en outre la haine provoquée par la peur : Bruce hait Superman parce qu’il a peur de lui, il ne peut le contrôler car il est extrêmement puissant et considéré comme un dieu parmi les hommes, alors que lui le voit comme capable d’anéantir l’espèce humaine. La scène d’introduction nous montre la bataille de Metropolis entre Superman et Zod d’après le point de vue de Bruce Wayne. Grâce à cette astuce, nous comprenons dès les premières minutes du film l’origine de la haine que vouée à Superman par Bruce. Ce nouveau Batman n’hésite pas à tuer, mais ne tue que dans le feu de l’action, dans des cas de « légitime défense » disons. Le fait qu’il tue les malfrats est expliqué par la mort probablement récente (2-3 ans ?) de Robin, Batman ne fait plus dans la demi-mesure. Mais cela est différent pour le cas de Superman, car il s’agit là d’un meurtre avec préméditation, il organise en effet méticuleusement la mise à mort de l’homme d’acier. Et ce faisant, Batman devient tout ce qu’il a toujours combattu : un criminel. Ceci est ironique, lui qui disait à Alfred un peu plus tôt dans le film que très peu de personnes, dont eux deux, étaient restées honnêtes depuis ces vingt années à combattre le crime à Gotham.
L’affrontement entre les deux icônes des mythes super héroïques est à la hauteur de mes attentes : spectaculaire et bien orchestré. La fin causée par le quiproquo « Martha » est plutôt bien vue, Snyder joue sur le fait que les mères des deux héros portent le même prénom. Ainsi, lorsque Superman prononce son nom, c’est comme un électrochoc pour Batman. Encore une fois, tout remonte à la surface : la mort de ses parents dans le caniveau, le sentiment d’impuissance, le désespoir. Mais en voyant Loïs et en comprenant que la Martha dont parlait Superman était sa mère à lui, Bruce réalise son erreur : il avait faux sur toute la ligne à propos de Superman. Celui-ci n’est pas un Alien dangereux qui pourrait bien asservir la Terre, mais un homme dont la mère est terrienne, qui a une copine, une vie et des rêves, et qui essaye de rendre le monde meilleur en inspirant l’espoir.
Voilà donc mon avis sur le traitement de Batman dans ce film, que je trouve très réussi.

Le personnage que nous découvrons ensuite n’est autre que le plus grand antagoniste de Superman : Lex Luthor.
Personnellement, je ne suis pas fan du tout de cette version de Lex Luthor. Je suis content que nous n’ayons plus le Luthor « génie du crime » de Gene Hackman mais plutôt un Lex Luthor Business man, scientifique et philanthrope. Cependant la prestation de Jesse Heisenberg m’a vraiment gêné : pourquoi semble-t-il sous substances à chaque fois qu’il parle ? Pourquoi ne peut-il pas faire un discours cohérent lors de son gala pour la bibliothèque ? Il est censé être l’homme le plus intelligent de la Terre ! Le problème est que ce Lex Luthor semble vouloir ressembler au Joker de Heath Ledger, alors que ce ne sont pas du tout les mêmes personnages.
Luthor reste le deuxième adversaire de Superman, même s’il semble incohérent et parfois ridicule. Il incarne la haine provoquée par un sentiment d’impuissance, et déteste Superman parce qu’il ne peut le contrôler. Il ne se voit pas comme un ennemi de Superman, mais plutôt comme un terrien qui affirme que la Terre ne doit pas dépendre de la bienveillance de Superman, qu’il perçoit comme un Alien capable d’asservir la Terre entière. En réalité, il a la même opinion de Superman que Bruce Wayne, sauf que lui va se servir de Batman pour battre Superman. Il va le manipuler comme il va manipuler l’opinion publique afin de rendre Superman craint et haït, et va finir par le manipuler lui-même. Il va même finir par imposer un dilemme à Superman :

- Arrêter Luthor et provoquer la mort de Martha
- Ou bien tuer Batman et sauver Martha
C’est le dilemme du pouvoir selon Luthor, soit Superman est tout puissant soit il est tout bienveillant, les deux ne peuvent coexister. Notre pauvre Superman choisi ainsi de sauver sa mère (logique), quitte à devoir tuer Batman s’il ne parvient pas à le convaincre de l’aider. Il apprend donc une cruelle leçon, comme il le dit à Loïs : « Personne ne reste bon en ce monde ». Toutefois, nous remarquons que même dans cette situation tragique où aucune bonne issue ne semble possible, Superman continue d’espérer, de croire qu’il peut faire ressortir le justicier au fond de Batman, l’homme bon au fond de l’adversaire, afin d’en faire un allié, mettant ainsi de côté ses aprioris sur le Dark Knight.
Snyder nous offre à travers la rencontre titanesque de ces deux icônes que sont Batman et Superman une interprétation moderne des tragédies antiques. En effet, tous les ingrédients y sont réunis :
- Une tragédie met en scène des personnages illustres au statut social élevé (Lex Luthor, Bruce Wayne, Superman) dans une temporalité mythique (c’est un film de Super Héros !)
- Les personnages tragiques prouvent leur héroïsme dans un combat contre la fatalité, le dilemme tragique (Superman est Le personnage tragique du film)
- L’action se passe dans un temps relativement court (quelques jours)
- L’action ne se déroule pratiquement qu’entre Metropolis et Gotham
- Tous les évènements sont liés et nécessaires à l’intrigue principale (attention je parle ici de la version longue)
Le tout présenté à travers une photographie sombre, somptueuse et très travaillée, et portée par les sonorités grandioses de Hans Zimmer et Junkie XL.
Je trouve donc que le personnage de Lex Luthor est raté dans son interprétation car incohérent et parfois ridicule. Il est cependant essentiel à l’intrigue et nous avons enfin un Lex Luthor au cinéma qui parvient à manipuler tout le monde dans un but autre que celui de prouver qu’il est un génie du crime. Ce Lex Luthor se rapproche davantage de celui des comics New 52 et Rebirth dans ses ambitions, mais pas dans son interprétation hélas.


Heureusement, le personnage suivant est particulièrement réussi : il s’agit de la plus célèbre amazone des comics, Wonder Woman.
Diana de Themyscira est interprétée avec talent par Gal Gadot, aussi bien dans le rôle de Diana Prince que celui de Wonder Woman. Dans le film elle rencontre dans un premier temps Bruce Wayne car, comme lui, elle enquête sur Lex Luthor. Cependant Bruce n’a aucune connaissance de Wonder Woman ou encore des amazones. Il ne le découvrira que bien plus tard, juste avant son combat contre Superman. Personne ne semble donc connaître Wonder Woman (à part Lex Luthor qui soupçonne seulement Diana Prince d’être une méta-humaine), Nous apprenons dans le film qu’elle a quitté Themyscira lors de la Première Guerre Mondiale et se serait ensuite détournée de l’humanité pour fuir « un siècle d’horreur ». Il s’agit des bases pour son film éponyme. Wonder Woman reste un personnage très secondaire dans les deux premiers tiers du film, mais devient un personnage principal dans la dernière partie. En effet ce n’est pas son film, elle ne participe d’ailleurs que très peu à l’intrigue, mais plutôt une invitée. Elle réalise en outre une entrée remarquable dans le DCEU.
Finalement, Batman V Superman sert plutôt de teaser pour le film de Wonder Woman, et la célèbre amazone nous y offre quelques belles scènes d’actions. Mais Snyder prend tout de même le temps de développer un peu le caractère et l’histoire de ce personnage, après tout ce n’est pas tous les jours que la Trinité apparaît dans un film.
Nous découvrons également dans ce film un autre très célèbre ennemi de Superman, Doomsday. C’est le troisième adversaire que doit affronter Superman dans ce film.
Doomsday incarne la haine viscérale envers l’étranger qu’est Superman, il le déteste et veut le détruire, point. Doomsday ne peut être raisonné, aucun dialogue n’est possible, l’affrontement est inévitable. Les origines de Doomsday varient selon les différents arcs narratifs, dans Batman V Superman c’est Lex Luthor qui le crée à partir de son sang et de la dépouille de Zod dans les reste du vaisseau kryptonien. Il le crée au cas où Batman échoue à tuer Superman, montrant ainsi qu’il est prêt à tout pour détruire l’homme d’acier. Ce Doomsday n’est pas très esthétique, même si ce n’est pas une caractéristique de ce personnage, et il semble très primitif. En fait il s’apparente davantage à une arme déterminée à exterminer sa cible, plutôt qu’à un être pensant ou à un animal. Personnellement, je trouve que les vagues destructrices provoquées par ses évolutions étaient trop puissantes, avec trop de destructions aveugles. De plus, l’affrontement contre Doomsday dure presque trois-quarts d’heure je crois, ce qui est très long. Ce combat est quand même l’occasion de voir la fameuse Trinité à l’écran, le plan où nous les voyons tous les trois côte-à-côtes se préparant à l’assaut est un pur régal pour les fans comme moi : Wonder Woman, Batman et Superman face à l’ennemi ! Génial ! Merci Snyder d’avoir réalisé le rêve de beaucoup de fans. Cette image participe à l’ionisation de ces héros car contrairement aux héros de chez Marvel (à part Captain America et Thor peut-être), les héros de chez DC sont des dieux, des légendes, il est donc nécessaire qu’ils soient iconisés et Snyder fait ça très bien.
Nous avons donc un Doomsday moyennement réussi je trouve, tant au niveau de son esthétisme qu’au niveau de son traitement, sans parler du fait que son apparition soit spoilée par les bande-annonce. Merci le service marketing…
En revanche j’ai trouvé que c’était assez audacieux de la part de Snyder de faire mourir Superman dès son deuxième film. Parlons alors de Superman, puisqu’il est le héros de ce film et qu’il a bien évolué depuis Man of Steel.
L’interprétation de Henry Cavill est toujours aussi juste. Nous avons droit à plusieurs scènes de Clark Kent en train d’investiguer pour le Daily Planet (à condition de regarder la version longue) permettant de découvrir notre héros essayant de comprendre le monde dans lequel il vit, de distinguer le Bien et le Mal, d’essayer d’aider autant que possible, le tout en restant aussi bon et juste que possible. Mais ce n’est pas aussi simple : une certaine sénatrice du Kentucky semble déterminée à vouloir contrôler et juger les actions « unilatérales » de l’homme d’acier. L’opinion publique semble divisée sur l’avis qu’elle se fait de Superman et un certain Batman semble rendre dans sa ville une forme de justice un peu trop expéditive.
Pour ce qui est de la sénatrice et de l’opinion publique, Superman décide de continuer dans sa voie en espérant qu’ils finissent par comprendre qu’il essaye juste de rendre le monde meilleur en inspirant l’espoir et le bien en chacun. Pour le cas de Batman en revanche, il va enquêter, Clark Kent va investiguer sur ce justicier qui exerce une sorte de règne de la terreur sur Gotham. Il découvre alors que Batman applique sa justice en terrorisant les criminels, qu’il se permet même parfois de les condamner en les marquants au fer de sa fameuse « Bat-brand ». Superman lui donne donc un avertissement lors de leur première rencontre costumée. Cependant, malgré toute sa bonne volonté, Superman va échouer : son apparition au Capitole se termine par un attentat qu’il n’a pu arrêter, il perd alors une grande partie de la sympathie du peuple. Par la suite, il se retrouve face au dilemme de Luthor, ce rendant compte comme je l’ai décrit précédemment que « Personne ne reste bon en ce monde ». Mais notre héros ne perd pas espoir et ira même jusqu’à se sacrifier pour Loïs, pour Batman et pour Wonder Woman, pour Metropolis et pour cette planète qui l’héberge depuis sa naissance. Sa scène finale contre Doomsday est aussi épique qu’intense. Son sacrifice laisse place à une image particulièrement saisissante rappelant les peintures claire-obscures de la Renaissance : lorsque Loïs pleure sur le corps de Superman, baigné de lumière, avec Batman et Wonder Woman debout à ses côtés, dans un paysage post-apocalyptique issue d’une nuit de terreur et de combat, le tout sublimé par la musique de Hans Zimmer et Junkie XL.
Ce Superman est bien dans la continuité de Man of Steel, en étant toujours aussi intéressant et réaliste. Certains diront qu’il est trop sombre, voire dépressif, pour ma part je le trouve plutôt complexe et travaillé. Snyder a vraiment fait du bon travail sur ce personnage et c’est pour moi une bonne interprétation de ce héros. Ce qui m’a le plus plu à propos de ce Superman est le fait qu’il doive se donner de l’espoir à lui-même en particulier, afin d’être prêt à affronter ses adversaires et de pouvoir pleinement inspirer les autres.
J’arrive à la fin de cette critique et comme vous l’aurez compris j’ai beaucoup aimé ce film car il a un scénario complexe et intéressant, la musique est magistrale, les personnages sont globalement bien traités, la réalisation est soignée (en particulier le générique de début) et c’est l’univers de DC avec des héros que j’adore depuis tout petit. Il y a certes quelques défauts comme le traitement de Lex Luthor et de Doomsday, les apparitions maladroites de Flash, Aquaman et Cyborg, des références bibliques un peu trop grossières parfois, et un léger problème de rythme : la première partie est un peu longue mais il faut bien poser le décor. Je recommande donc vivement à tous les amateurs comics, notamment ceux qui se lassent de la saga cinématographique de Marvel et qui voudraient voir autre chose dans le genre super-héroïque.
De plus, Zack Snyder aborde des thématiques intéressantes à travers ce film, en particulier les problèmes de tolérance vis-à-vis des étrangers en montrant Superman comme l’étranger qui cherche à se faire accepter. Snyder explore à travers Batman, Lex Luthor, Doomsday et l’opinion publique les différentes méfiances et haines qu’un étranger peut subir en voulant s’intégrer.
ArthurDubois1
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le 4 févr. 2018

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Arthur Dubois

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Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

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