Quelques effets de manches un peu superficielles, mais la narration ainsi que la globalité des intervenants sont tout à fait propices à découvrir l'auteur spleenesque sous ses atours les plus contradictoires (le signe d'une grande et belle vitalité pour les artistes de cette trempe).


Ou l'on conçoit que sa créativité portrait déjà en germe le ferment du marketing, qui lui permettra de vendre une marque de fabrique scandaleuse très en vogue dans la société parisienne des lettres de cette époque. Il est aussi celui qui préfigure l'avènement de l'édition comme une fabrique industrielle du marché, assez semblable a ce qui se prêtait auparavant au monde artistique. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'il fût critique dans ce domaine, en plus de ses écrits littéraires.


On pourrait également remarquer qu'il fût a l'avant garde de ce qu'on nommera bien des années plus tard la beat generation. Jack Kerouac, Allen Ginsberg et ses compagnons d'infortune reprenaient bien a leur compte cette sensation que la vie n'est qu'un long chemin d'égarement que l'on remplit de substances pas très licite pour la vivre par procuration. Cela donnait chez le bon Charles Le spleen de Paris, récit assez enfumée sur les illusions perdues. D'autres éléments fondamentaux de sa création comme le rapport presque charnel à sa mère chérie et aux femmes, dont la plus illustre se trouve être sa compagne Jeanne la batarde (car noire et c'est ainsi qu'on les qualifiait lors de son avènement). Aussi sa radicalite contre la modernité en même temps que sa fascination envers elle (la capitale Haussmanienne commence a se bâtir vers la fin de sa vie).


Tous ces éléments et d'autres encore sont suffisamment mis en perspective pour que l'on puisse adhérer au fond comme a la forme de ce documentaire, combien même on ne serait pas le plus grand exégète de Baudelaire.

Sabri_Collignon
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le 14 sept. 2022

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