Légion d'honneur
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Pus de dix ans avant Rashômon, Beau Geste initiait un dispositif de discontinuité narrative assez intéressant pour capter l’attention du spectateur. Dans l’ouverture du film, une division vient prendre la relève d’un fort perdu au milieu du désert et des attaques Touaregs, et prend conscience que tous les occupants de la légion étrangère ont été massacrés. Ils essuient pourtant un tir isolé, et lorsqu’ils investissent les lieux, deux corps précédemment repérés disparaissent avant que le fort ne soit la proie d’un incendie.
S’en suit un flash-back qui ramène quinze ans auparavant et présente une fratrie adoptée, dont fait partie l’irrésistible Gary Cooper, et des déboires lors du vol d’un bijou appartenant à leur mère adoptive, qui les contraint à la fuite dans la légion étrangère. L’occasion d’un récit militaire sur la hiérarchie et les affres d’un sergent sadique et la population bigarrée de la légion, dernier bastion et petite cour des miracles, où les tentatives de mutinerie sont ponctuées par les raids des populations locales, tandis que le motif du bijou volé reste toujours d’actualité et suscite de nombreuses convoitises.
Une certaine ambiguïté règne en permanence dans les enjeux et les rôles attribués à chacun, chaque frère s’accusant, apparemment pour la plaisanterie, du vol, sans qu’on sache si c’est pour fanfaronner ou laver l’honneur des autres. Cette façon de déguiser ses actions criminelles, voire d’en prendre indûment la charge, trouve donc son écho inversé dans les manipulations du sergent, qui retourne toujours les situations à son avantage pour accéder à un grade supérieur, punir ses hommes et mettre la main sur le précieux butin. Le lieu clos du fort devient ainsi celui de tous les dangers, sans que le véritable motif de sa fonction – la défense du drapeau- n’occupe réellement le premier plan. La mort du lieutenant ne dit pas autre chose, lui qui se désole de ne pas s’illustrer comme il l’aurait rêvé : When I was a little boy, I thought soldiers always died in battles. I didn't know there were so many soldiers... and so few battles... and so many fevers.
Le récit converge ainsi vers le prologue, qui sera cette fois vu en contre-champ : chacun des mystères trouve son explication, et le spectateur embarqué dans les coulisses du récit, ses portes dérobées et ses façades aveugle, sera récompensé par tout ce qui faisait jusqu’alors défaut à l’Histoire officielle : une réputation lavée et une mort héroïque. Un Beau Geste, en somme.
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le 3 juin 2021
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