La fausseté dans toute sa splendeur
Comment peut-on être aussi malsain dans les relations humaines, sans avoir aucune crédibilité, aucune justesse, aucun sens de la réalité ? Jusqu'au point de filmer une histoire d'amour improbable entre un beau-père et sa belle-fille de 14 ans ? Celle-ci annonce à son beau-père qu'elle l'aime, et après la surprise de celui-ci, il finit par s'abandonner dans cette relation malsaine et complètement fausse. Aucune émotion chez les personnages, ou alors des émotions fausses, surjouées. On oublie la mère morte pour se concentrer sur cette relation beaucoup plus importante que tout le reste, imprévisible et presque pathétique, tellement les dialogues semblent faux, improbables.
La fillette de 14 ans toute naïve, au seuil de sa jeunesse, qui lance d'un ton rien de plus naturel « On va faire l'amour ? » à Patrick Dewaere en face d'elle. Et cela sonne atrocement faux.
La déception est là : le tout début du film est incroyable, beau, juste, doux, tranquille, émouvant. Avec ces dialogues à la Rohmer qui prennent leur temps, limpides. Ces beaux plans, le grain des images, et les monologues de Patrick Dewaere ô combien sublimes. Le film garde pendant un premier temps une fine perfection, un jeu délicat, touchant, entre un beau-père et sa belle-fille qui viennent de perdre leur femme, leur mère et qui essayent de survivre. Mais tout bascule lorsque la fille annonce à Patrick Dewaere qu'elle pense à lui tous les jours, qu'elle l'aime, qu'elle ne peut pas se passer de lui.
Alors le film bascule d'un coup. On ne s'y attendais pas. Patrick Dewaere non plus.
Le film aurait pu fonctionner si la subtilité du début du film avait subsisté, si Patrick Dewaere était resté à sa juste place, si le grotesque, la lourdeur, la fausseté, le manque de crédibilité n'était pas venu refroidir le tout.
Après, tout se ramollit. Patrick Dewaere finit par tomber amoureux de sa belle-fille et alors il n'y a plus rien à faire. S'ensuit tout du long une relation malsaine, fausse, improbable, surjouée.
Comme chez Rohmer, il y a une distanciation des émotions. Un choix d'articuler les phrases. Mais ici, c'est complètement raté. On ne peux pas être Rohmer à tout les coups.
Heureusement, le jeu d'acteur de Patrick Dewaere bouscule tout, rehausse le film afin qu'il ne s'enfonce amplement dans un tas de merde. C'est là le seul point positif. Le jeu incroyable de Patrick Dewaere, sa façon de parler, ses longs monologues, et c'est bouleversant. Complètement bouleversant. Et c'est beau.
Pour ce qui est du reste, Bertrand Blier a vraiment besoin de se faire soigner.