Le cinéma d'animation coréen est loin d'avoir encore l'exposition et la notoriété du cinéma d'animation japonais même si les films de Yeon Sang-ho (Seoul Station - The Fake - The King of Pigs) et d'autres productions tels que Nos Amis les Chiens, Aachi et Ssipack ont connus un petit succès d'estime en France. Cela n'aura pourtant pas suffit à Beauty Water de Kyung-hun Cho, présenté hors compétition au festival de Gerardmer en 20021, de sortir en salles.
Beauty Water raconte l'histoire de Yaji qui travaille comme maquilleuse pour la télévision. Obèse et mal dans sa peau, Yaeji subit les remarques et les regards désobligeants des autres jusqu'au jour ou elle découvre un produit miraculeux capable de façonner son corps tel de la pâte à modeler afin de lui donner l'aspect de ses rêves.
Beauty Water est un film qui parle du culte de l'apparence, d'une forme de modélisation des esprits aboutissant à celle des corps mais aussi de la liberté de chacun à disposer de son propre corps. Des thématiques forte qui s'inscrivent dans un body horror d'animation, il y-avait vraiment matière à faire un film fort et puissant. Malheureusement le film de Kyung-hun Cho va le plus souvent rester en surface des choses et lentement glisser de l'horreur vers le thriller dans un revirement pas pleinement convaincant. Pourtant le film commençait plutôt bien notamment à travers le personnage de Yaeji à la fois victime et boule de rancœur déversant sa haine sur internet, Beauty Water échappant un peu à l'archétype de la gentille grosse persécutée. Même si on aurait voulu en savoir plus sur cette fameuse eau de beauté et son utilisation, les premiers effets sur Yaeji sont assez jouissif surtout lorsque cette dernière en fait trop ou pas assez. Fustigeant (un peu) les marchands de beauté le film montre alors comment Yaeji entre dans une spirale lui demandant de toujours dépenser plus et sacrifier ses relatives valeurs morales pour modeler son apparence. Il y-a dans Beauty Water des aspects intéressants mais assez mal exploités ou concrétisées à l'écran comme ce besoin de chair extérieur pour reconstruire son propre corps, une idée qui fait glisser le film vers une forme de prédation charnelle mais qui n'est jamais clairement explicité dans le film. Sans être désagréable à suivre on a un peu la sensation que Kyung-hun Cho n'a pas totalement pris son sujet à bras le corps pour en faire une œuvre marquante tant par ses excès que par son sujet. Même si graphiquement et visuellement le film est plutôt agréable à suivre l'animation pêche parfois un peu par la rigidité des corps et des mouvements, mais rien de vraiment préjudiciable à la qualité de l'ensemble.
Beauty Water est un bon petit film d'animation mais qui laisse tout de même un sentiment assez mitigé, celui d'un film sans doute un peu trop sage dans son exploration du body horror (alors que l'animation permet toutes les audaces) et trop lisse et gentillet dans son message sur le culte de l'apparence.