Bon, difficile de trouver le ton juste pour cette critique
On pourrait dire touchant, car Mike Mills éclaire sous un angle sympathique, presque intimiste des petits détails de la vie quotidienne d'une famille pas vraiment comme les autres. Ewan Mc Gregor, un brin renfermé est touchant lorsqu'il s'exprime par petites dessins, intermède bande dessiné dans ce film au montage bien ficelé, Mike Mills réalise des clips et ça se sent.
Touchant aussi la scène d'un vieux père qui s'affirme gay à 75 ans et qui s'aventure à cet âge canonique, hébété et timide dans une boite de nuit de Los Angeles. Touchant lorsqu'il demande à son fils comment s'appelle cette musique qui fait danser les jeunes. C'est touchant sans être mièvre, c'est même souriant grâce à quelques petites trouvailles. Les flash back vaporisés tout au long de la trame, les insertions d'images des années 40, des années 60 (dont je m'interroge cependant sur leur signification profonde), et les dialogues avec le chien surprennent, allègent.
On pourrait dire bluesy, car Beginners est l'histoire de personnes qui n'ont jamais été heureuses et qui se découvrent petit à petit, s'épanouissent sans que leur situation compliquée, un peu triste antérieure ne se décolle jamais vraiment de leur peau. Preuve de réalisme? Peut être, mais le rythme lent, l'absence de dialogue, la palette fade de couleur disposé à l'écran distille tout au long du film un léger vague à l'âme. C'est d'ailleurs, ce qui, à mon sens, anesthésie la spontanéité des scènes de joie ou de folie adolescente.
Il y a des gens de talent et goût qui ont travaillés sur ce film, qui a des mérites, mais il fait partie des rares films dont j'ai quitté la séance avant la fin et ceci pour au moins deux raisons :
1° Les films de gens qui se cherchent, il faut, pour les apprécier, s'attendrir sur leur sort. Or j'ai un mal fou fou fou à m'attendrir sur Mélanie Laurent. Non seulement elle joue un peu toujours le même personnage, mais les quatre expressions qu'elle est capable de produire sur scène sont épuisées en cinq minutes et ce côté actrice française qui laisse échapper des mots en français toutes les quatre phrases, qui parle avec un accent frenchy juste parce que ça fait tourner la tête de millions de mâles anglophones, qui évidemment fume dans la chambre d'hôtel alors que c'est interdit, ce côté m'exaspère, c'est physique. Regarder un film d'une heure et demi avec elle à l'affiche, c'est pour moi comme passer un diner avec une personne que t'aime pas, sauf qu'il n'y pas les copains autours pour faire des blagues. Au ciné, tu es obligé de l'entendre parler, de l'écouter sans rien pouvoir faire.
Donc j'ai trouvé le temps long, long, long.
2° Temps d'autant plus long que les dialogues sont réduits à la portion congrus signe que les personnages ne se parlent plus vraiment, se renferment dans une sorte de solitude obligatoire, d'autobaillonnement qui les éloignent les uns des autres. On se cherche sans se comprendre, est ce le drame de notre société?
Le vrai drame, c'est que les rares dialogues (pas les analyses à la première personnes) sont souvent tellement convenus qu'on en devine la suite sans trop d'effort (Olivier: "I do that to impress you", réponse d'Anna: "and It iz working" avec un super accent frenchy).
Au final, un film un peu touchant, un peu nostalgique, un peu drôle mais bon...
Peut être, mais j'en doute, que dans dix je reverrais ce film, que pleurant toute les larmes de mon corps, je sortirais un mea culpa public et j'amenderais mon commentaire.
C'est possible... c'est possible... (mais bon, j'y crois pas trop)