Quasi irregardable mais très audacieux
"Begotten" est un film vraiment à part, entre un nihilisme exacerbé et un symbolisme apparent, il rend très clairement hommage au cinéma des années 20 alors qu'il est réalisé 70 ans après, l'esthétisme parait presque trompeur, c'est une aventure sans aucune linéarité, rien n'existe mis à part l'atmosphère qui en découle, on ne saurait le situer temporellement.
Ce noir et blanc ultra saturé rend le long métrage presque hypnotique, entre "Nosferatu" de Murnau et un clip amateur de black métal norvégien, on ne va nulle part mais on y va, et c'est sans doute l'essentiel ... Il reste vraiment beaucoup trop difficile d'accès en tout point, le mysticisme est l'intérêt principal mais il appelle à une certaine culture que tout le monde n'a pas, elle est néanmoins implicitement identifiable comme la mort, la renaissance, la torture ... on peut y voir toutes les allégories du christianisme dérivées en conte macabre.
Il faut vraiment avoir une tolérance et une patience de moine tibétain pour voir ce film jusqu'au bout (et pourtant il ne dure que 1h12), mais franchement l'ambiance est juste incroyable, la bande son est ultra prenante et envoûtante, on a mal aux yeux mais on reste bizarrement captivé.
La dernière partie se veux comme une sorte de botanique gore et malsaine, on peut l'interpréter comme le terreau de la vie, du renouveau, puis la musique est plus angélique, des amas de chair tout ressurgit ... Il s'en dégage une certaine poésie mais pas forcément utopiste.
"Begotten" est très certainement le film le plus sombre qu'il m'a été donné de voir, une véritable expérience éprouvante voir insupportable, mais dont l'atmosphère et l'esthétisme transcende le tout pour rendre ce long métrage en tout point unique.