Ben Hur
4.7
Ben Hur

Court-métrage de Sidney Olcott, Harry T. Morey et Frank Oates Rose (1907)

Le responsable du copyright au cinéma

La première vague de superproductions, dans les années 1910, est constituée de péplums italiens comme Quo vadis ou Cabiria. La notion de 'péplum' ne se serait répandue que dans les années 1950, mais les représentants du genre existent dès les débuts du cinématographe. Néron essayant des poisons sur ses esclaves (1896), production Lumière réalisée par Georges Hatot, est considéré comme le pionnier, mais il dure à peine une minute. Des films un peu plus longs se succèdent sans imposer leur marque.


Ben Hur en 1907 vient s'ajouter à cette liste. Il aurait pu entrer dans l'Histoire par là, mais ce produit ambitieux manque de charme et de génie. Ce premier Ben Hur est retenu à cause des démêlées judiciaires qu'il a entraîné. La Kalem Company fut attaquée par Le Wallace qui obtint 25.000 $ de droits d'auteur (pour un budget de 500$). Au départ les créateurs et les industries exploitent les idées et les ressources créatives sans complexe ; après cet épisode, les sociétés de production devront tenir compte de la jurisprudence établie. La création cinématographique entre dans l'ère du copyright. Les flopées de remake souvent non avoués dont les pionniers du cinéma étaient des spécialistes (Méliès, les Lumière, Edison et l'école de Brighton se pillent les uns les autres, parfois pour rabaisser une œuvre antérieure – Une partie de cartes) vont stopper net.


Comme les autres adaptations visant haut à l'époque (Alice in Wonderland en 1903, Le Voyage de Gulliver en 1902), Ben Hur 1907 enfile des extraits du matériau original. Comme eux également, il reprend la (ou une) scène emblématique (l'incendie pour Gulliver, le repas des fous chez Alice), la course en char dans son cas. Elle fut tournée sur une plage du New Jersey, avec les pompiers locaux et leurs chevaux. À l'écran l'énergie se devine sans se diffuser au service du sujet. Les seize minutes sont fébriles sans être intenses. La narration est négligée, les intertitres rares et laconiques. Le nombre de figurants semble impressionnant mais participe à un grand déballage quantitatif plutôt qu'à une exposition construite, comme si le nombre et l'agitation devaient suffire – ce qui a pu être le cas à l'époque, dans un contexte où cette somme est rare donc impressionnante.


Les prises de vue sont ordinaires sans qu'il y ait le sens du rythme et la direction de Méliès, ni ses trucages (Un homme de têtes). Une légère inclinaison (créant une timide diagonale dans le champ) est à noter pendant la course de char finale, mais elle ne permet pas de profiter du spectacle et évite seulement de doubler l'aberration (c'est-à-dire priver du défilé et en plus s'en tenir à montrer son public dans le film en train de s'en réjouir). Ce film est doté de façon à rester dans l'ombre des deux autres adaptations du roman [Ben-Hur] de Lew Wallace : la version de Fred Niblo sortie en 1925 et celle de Wyler avec Charlton Heston (1959). Le réalisateur canadien de ce film américain, Sidney Olcott, tournera ensuite à Jérusalem un des premiers longs-métrages : From the Manger to the Cross ('de la crèche à la croix', 71 minutes, projeté début 1913).


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le 20 sept. 2016

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