Benjamin appartient à ce cinéma qui transcende et embellit la vie ; où tout paraît plus facile. Un cinéma presque féerique.
Deux garçons se regardent dans un night club ou une petite salle de spectacles, et c'est parti pour une romance entre les deux. Ils s'appellent Benjamin et Noah. L'un est cinéaste et sort son deuxième film ; l'autre chanteur et pianiste. Trente-deux et vingt-six ans. Le film nous raconte principalement les péripéties de leur relation naissante et... la peur de s'engager, d'aimer, de souffrir (une peur, d'ailleurs, parfaitement compréhensible). Mais l'histoire est tout le contraire d'un drame ou d'une tragédie. C'est frais, drôle, charmant.
Les personnages qui gravitent autour du couple naissant sont bien croqués et assez amusants eux aussi.
Certaines scènes sont poétiques, d'autres douces-amères ou mélancoliques.
Ça n'est jamais lourd, c'est souvent plein d'humour.
Le scénario tient la route, avec une succession de petites scènes qui dépeignent le milieu dans lequel vivent les deux personnages principaux... même si le focus est surtout mis sur le jeune cinéaste. Il a un appartement charmant et un très beau chat anglais (aux poils roux-gris-blanc) que je lui ai envié. Il semble tout à fait intégré dans, et accepté par, le monde artistique londonien. Et le jeune homme (Noah), sur lequel il flashe, semble s'y débrouiller aussi sans problèmes particuliers, en tout cas critiques. Est-on dans un Londres rêvé par le réalisateur Simon Amstell ? Tout simplement dans une oeuvre d'art.
Les acteurs sont très bien castés et apportent beaucoup au film. Colin Morgan (Benjamin), Phénix Brossard (Noah), mais aussi Jack Rowan (Harry), Jessica Raine (Billie... qu'on ne voit plus guère dans la deuxième moitié de l'histoire) et Joel Fry (Stephen) sont très bien dans leurs rôles. Et perso, je donnerais la palme à Phénix Brossard pour la finesse et délicatesse de sa composition du jeune musicien.
Je résume : joli petit film. Montage assez habile. Bon rythme. Acteurs charmants. On ne s'ennuie pas. On rit ou sourit bien des fois. Je suis, pour ma part, sorti de la salle d'humeur bien moins chagrine que quand j'y étais entré.
N'est-ce pas une des missions du cinéma que de nous dépeindre l'existence plus belle qu'elle n'est en réalité, et de nous redonner le goût de vivre ?
Qu'ajouter d'autre ? Que la B.A. ne rend pas vraiment justice au film... qui est mieux que ça. Une histoire d'amour miraculeusement juste, douce et poignante écrit The Guardian à son propos. J'apporterai un petit bémol à cette louange : j'ai quand même ressenti un peu de roublardise dans la façon dont le réalisateur nous raconte ce rapprochement amoureux.