"...le chat est tout ce qui me reste."
Michael Caine en Harris Shaw, armé et alcoolisé, me rappelle un peu son bon justicier 'Harris Brown' de 2009.
Un bon film aussi sur le 'Syndrome de l'imposteur' surtout quand il dit: "without her, I am nothing" ("sans elle je ne suis rien", en parlant de sa femme, pas du chat...)
Liste de remarques sans plan avec spoils:
J'espère que ce n'est pas le dernier film de mon Michael Caine. Même s'il nous donne encore une interprétation habitée, pas du tout banale et facile.
Difficile de ne pas penser à l'acteur lui-même dans ce personnage vieillissant, en deuil et déçu de notre monde. Mais très combatif, direct et punk.
Les distributeurs ont d'ailleurs raté une meilleure affiche, et qui aurait été je crois tout aussi vendeuse et informative: la photo d'arrestation où Michael Caine en mode Johnny Rotten fait un doigt aux autorités.
Affiche d'autant plus lisible que quand Michael Caine te fait un doigt d'honneur, tu le vois de loin...Très gros doigt.
A la place, ils ont choisi une affiche de scènes pas du tout dans le film où il n'éclate jamais de ce rire hollywoodien du tout.
Un coeur en hiver: Un burgrave qui boit grave
Nous sommes blasés, mais ce que fait Michael Caine est très fort.
Même si on croit déjà avoir vu d'autres films sur un apparent bougon, aigri, acariâtre, reclus...
mais qui peut-être s'ouvrira et s'adoucira (ou pas) au contact de notre si belle civilisation connectée...
Sean Connery l'a fait dans "A la rencontre de Forrester"
Ici ce serait plus de Foerster, auteur de BDs sombres.
Un détail visuel:
Le film commence par des escaliers filmés de haut et finira sur d'autres escaliers.
D'abord de beaux escaliers, qui descendent dans les archives de la maison d'édition,
au pied desquels, la boss et son assistante dégotent le contrat,
et ça finit, sur d'autres escaliers, plus simples,
montant dans le grenier d'un des auteurs...le moins politiquement correct.
Le café comme dernier lieu de démocratie et débats, face à la cancel culture?
Film et personnage pas si politiquement correct, banal, conformiste et américain que cela:
___car il est quand même fait allusion "à des seins ressemblant à des fesses d'un garçon de 12 ans" (quand il cite le magazine porno Penthouse des années 70s, à un parterre de critiques et réseaux sociaux abasourdis).
____car un possible couple ou amies ados mix, obsédées par prendre une photo pour réseaux sociaux, sont traités de "branleuses"
____car un vieillard aphasique, ex éditeur de l'auteur, a été insulté dans sa maison de retraite
____car des cannes de marche sont soi-disant "en os de bite de baleine bleue"
____car des critiques gay "se prenant pour Truman Capote" et parlant comme Jérôme Garcin, se font étouffer par cette canne en bite, après avoir fait des commentaires faiblards et fainéants.
Ce pseudo critique trouvait trop "pessimiste" la fin du livre mais on découvre plus tard que c'est arrivé quasi pour de vrai à l'auteur: la mort de son bébé à la naissance suivie une semaine plus tard de la mort de sa femme, amour de sa vie, mentor et pygmalion...signifiant "la fin du monde" pour l'auteur.
Qui doit donc faire face à des commentaires irréfléchis et maladroits d'un critique qui trouve la fin du monde de son livre et la mort de l'enfant et femme trop "pessimistes"...
Ce critique me rappelant ainsi les propos de Jérôme Garcin, critique à France Inter, trouvant aussi à tort, exagérée la série de problèmes et malheurs frappant l'employé dans 'Sorry we missed you' de Ken Loach.
Il est tellement imprévisible qu'il est victime d'annulations (cancel culture) et privé de signature de livre en librairies mais retournera et tournera de bar en bar (parfois de bobos),
pour d'abord devenir une star des réseaux sociaux. Puis des ventes.
Le café, le bar, comme dernier lieu de démocratie et débats?
"Plague did not come from a lesser insect,
but from man gazing into his own navel,
instead of one another's eyes"
"La Peste n'est pas venu d'un minable insecte, mais de nous, obsédant sur notre nombril (et portable), au lieu de se perdre dans le regard de l'autre."
Shakespeare:
A un moment, il parle à un portrait de William Shakespeare, lui demandant ce qu'il veut et lui affirmant que lui, au moins, a "écrit ses livres".
Mais il fait aussi allusion à lui quand il donne et jette son livre sur la table de l'éditeur stoppant la vente de l'entreprise: (here is) "your Pound of flesh" (juste traduit par "ton dû" en sous titre)
fait allusion à ce que réclame le personnage Shylock à un de ses débiteurs dans 'Le Marchand de Venise' (une livre de chair découpée dans le corps de l'endetté!).
« Le comptoir de l’affreux », cafés littéraires et Brèves de comptoir:
Michael Caine joue un auteur qui a été trouvé dans une taverne, s'est retranché du monde,
mais est financièrement forcé de retrouver nos piètres discussions de comptoir:
_« … Ayant trouvé un jour l’Orateur Démosthène, qui dînait dans une taverne ; et celui-ci se retirant, Diogène (de Sinope) lui dit, Tu ne fais, en te retirant, qu’entrer dans une taverne plus grande.
Des étrangers souhaitant voir Démosthène, il leur montra son doigt du milieu tendu, en disant, Tel est celui qui gouverne le peuple d’Athènes. » (merci wiki)