Premier film du cinéaste en devenir Christian-Jaque, Le Bidon d’or mobilise le cinéma parlant et les ressources nouvelles qu’il apportait alors de façon inégale : s’il retranscrit à merveille l’effervescence de la course automobile avec son public querelleur, ses vrombissements de moteurs et la diffusion par hauts parleurs de la voix de l’animateur, il cède trop souvent à la surenchère de dialogues pompeux et verbeux dans lesquels sont énumérés les jeux de bons mots, les boutades et les synonymes – « vedette », « sacré farceur », « boute-en-train »… – dans l’espoir de susciter un sentiment tenace de bonhomie et de truculence qui malheureusement d’advient jamais. Les personnages, peut-être en raison de l’écart important qui nous sépare d’eux, demeurent à l’état de fantoches engagés dans des numéros plus ou moins drôles, avec des chutes et des gags tout droit sortis du muet – pour n’en citer qu’un exemple, et pas des moindres, le recours gratuit à une personne de petite taille pour faire rire le spectateur s’avère aujourd’hui difficilement appréciable. Le protagoniste principal, camelot jeté sous le feu des projecteurs par quiproquo, a beau avoir « la langue qui démarre au quart de tour », ses excentricités fonctionnent en système fermé, dynamisé avec excès par la musique originale et par une mise en scène en demi-teinte, dont les enjeux techniques – notamment le filmage de la course de voitures – font pâle figure à côté des innovations géniales de Jean Epstein, entre autres, et sa Glace à trois faces (1927). Preuve que la qualité souvent médiocre des comédies populaires ne date pas d’hier…