Comédie noire méconnue au pitch aguicheur, une arnaque montée contre un prêtre pédophile qui tourne au fiasco, il est aisément compréhensible que Big Nothing soit passé complètement inaperçu à sa sortie.


La faute à un casting de seconds couteaux : David Schwimmer, aussi plaisant soit-il à retrouver, n’a jamais su se départir de son rôle de Ross Geller dans Friends, tandis que Simon Pegg commençait tout juste à décoller grâce à Shaun of the Dead deux ans plus tôt.

La faute également à un scénario qui mêle allègrement humour grinçant avec thriller dans une succession de rebondissements plutôt savoureux, mais que le public généraliste ne sait pas classifier dans un genre et boude donc. Pourtant Jean-Baptiste Andrea, auteur de romans et réalisateur français, a incorporé suffisamment d’éléments dans son script pour caractériser ses personnages et les rendre à la fois attachants et méprisables. Mais les gens n’aiment plus les fins pessimistes depuis les 70s, et coller ça à une comédie relève à une audace qui n’a ici pas payé..

La faute enfin à un manque cruel de personnalité dans la réalisation. Il y a bien quelques passages en animation qui tentent d’apporter une touche d’originalité à l’ensemble, mais c’est globalement assez plat.


Il serait tentant de dire que l’échec du film tient de son contexte de sortie, mais je ne suis pas sûr qu’il ferait beaucoup mieux aujourd’hui. C’est pourtant un bon moment à passer, Andrea sachant tenir son spectateur sur le qui-vive tant il lui fait vite comprendre que l’on va bifurquer dans une nouvelle direction toutes les cinq minutes. Le fond n’est pas non plus en reste, puisque l’on y parle d’une fuite de l’aliénation par des moyens qui se révèlent in fine tout aussi débilitants. Charlie (Schwimmer) voit sa mémoire prendre la tangente à cause d’une condition médicale, tandis qu’il se retrouve à bosser dans un centre d’appel où il est destitué de toute individualité. Il est voué à disparaître, et l’opportunité présentée par Gus (Pegg) n’est qu’une solution illusoire. Gus d’ailleurs, et comme tous les autres personnages rencontrés dans le film, n’existe plus. Il n’est que la représentation d’une personnalité fictive, un mythomane perdu dans les multiples costumes qu’il a endossé au cours de ses années d'arnaques (à priori miteuses). Tout le monde est vidé de sa substance, tant et si bien que la note finale semble inéluctable.


Big Nothing est donc un fond plutôt intéressant, dressé dans une coquille aussi vide que ses personnages, et c’est bien malheureux. Mais je ne peux tout de même que le conseiller aux curieux en recherche d’un film malin et qui seraient prêts à passer outre son aspect inabouti.


Frakkazak
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le 22 mai 2024

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