Clairement, Jeunet n'est pas ici au sommet de son talent, mais donne pourtant là un film à sa place. Invendable en salle, Netflix s'empare du projet et produit un film non pour le cinéma mais pour sa propre plateforme.
Au premier abord, BigBug ressemble à une nouvelle mauvaise attraction du Futuroscope, robotique, maladroite. La séquence de début se révèle être un étalage technologique plutôt qu'une vraie mise en scène. Pourtant essentielle dans un huis-clos.
Mais BigBug réussit tout de même dans cette dystopie à poser une certaine esthétique. Dans le travail des lumières et des décors. Allant même jusqu'à des frasques esthético-politique sur l'hypersociété. Le jeu robotique amène parfois une certaine originalité mais qui ne pali pas à l'affreuse performance des comédiens à la fois cabotin et grivois. Même si le ton est à la comédie, difficile d'en rire avec sincérité.
Seul le sourire sardonique de François Levantal n'est pas sans rappeler les accents diaboliques d'Emilfork dans La Cité des Enfants Perdus, ou le personnage de Jeunet
Même si l'on reconnaît l'univers de Jeunet , le film reste endimanchée à cet état de "programme télévisuelle" (triste ironie de la parodie faite)
BigBug ne fait ici aucune promesse à la critique puisque celle ci n'est pas ici. On ne juge pas un film projeté en salle comme un film visionné sur un portable. N'étant pas produit pour la grande toile, mais pour de l'écran de plateforme, il perd toute sa cinématographicité au profit d'une comédie familiale, vaguement esthétique où tout sonne faux et son contraire.
Alors avec ses qualités et des défauts certains, BigBug est un mauvais film de cinéma mais sûrement un bon divertissement. Aussi vite oublié, une fois au menu principal.
Montrant que malgré de bonnes intentions et de réalisation, un produit de plateforme n'aura jamais la même valeur qu'un film au cinéma. Produit de plateforme, stérile dépourvu de tout, il perd sa magie.