Une famille dysfonctionnelle et leurs voisins se retrouvent enfermés chez eux après un gros bug de leurs androïdes…
Grand retour tant attendu de Jean-Pierre Jeunet et… qu’est-ce que je viens de regarder ? Je reconnais bien son style, sa folie, ses thèmes, sa mise en scène voire plusieurs de ses acteurs favoris mais… pour le reste qu’est-ce que Jeunet a foutu ?!
Le ton est donné dès le début avec cette parodie de téléréalité et, si tu comprends l’intention, l’exécution est loupée pour plusieurs raisons : 1) on ne reconnaît aucun des codes visuels de la téléréalité, 2) la parodie n’est absolument pas maîtrisée pour qu’on y croit, 3) la raison pour laquelle on commence le film sur cette parodie n’a aucun sens (un gamin invité chez une dame met ça à la télévision alors que la dame et son père sont en train de parler de business/art -super plausible), 4) n’importe quel film qui commence par ça ne présage pas une suite bien reluisante. Et comme, après, on a un gamin aux expressions trop tarabiscotées pour être crédible et deux adultes aux phrasés trop littéraires pour être intéressants, inutile de vous dire qu’on ne sait pas par quel bout prendre cette histoire (au passage, qui amène son fils adolescent pour un plan drague ?). C’est dommage par le concept est assez intéressant : un huis-clos futuriste où une famille se retrouve coincée chez elle à cause de sa technologie qui déconne complètement ! Ça aurait pu être une satire sociale très sympathique mais non ! à la place, on a le droit à un triptyque sous acide ! POURQUOI ?!
Surtout, comment Jeunet aurait-il pu s’améliorer ? D’un point de vue scénario, je pense qu’il aurait dû supprimer toute cette intrigue au tour des Yonyx parce que le propos est plus que jamais ultra lourd quand il s’agit d’eux. Garder un huis clos autour du principe d’un simple bug qui les empêche de simplement ouvrir les portes : oui, très bonne idée ! Garder l’idée que les humains sont complètement en panique, tandis que les androïdes essayent de les rassurer en adoptant un comportement humain, comportement qui va, éventuellement, faire craindre le pire aux humains : oui, très bonne idée ! Ça entraînera un troisième acte intéressant et dynamique où les humains essayent de tuer les androïdes parce qu’ils pensent qu’ils veulent leur perte alors que ces derniers ne comprennent pas. Mais c’est là certainement les deux seules choses à garder de tout le scénario : pour le reste, je conseillerais à Jeunet de mieux construire ses personnages et leurs motivations (ses scènes aussi, en règle générale, car si les idées qui les traversent sont plutôt bonnes mais leur traitement est très bancal) ainsi que de faire appel à un meilleur dialoguiste. C’est une chose de vouloir les faire parler comme des intellectuels alors qu’ils sont censés être complètement cons, c’en est une autre que ça n’est à ce point pas l’air naturel (surtout les dialogues des ados où il essaye de leur donner une critique de la jeunesse qui ne fonctionne absolument pas car ce sont probablement les personnages les moins têtes-à-claques du film mais, paradoxalement, les plus incompréhensibles).
Au niveau mise en scène, j’avoue que je miserai plus pour des plans les plus dynamiques. Jeunet est toujours bon réalisateur et il sait toujours cadrer ses acteurs mais ça manque de rythme et vu ce qui se passe dans le film, il faudra en rajouter du rythme ! Sinon, il faudrait peut-être penser à virer son monteur, voire son étalonneur car la photographie est pas terrible. Certes, rien n’est terrible dans ce film mais n’empêche que je réalise des courts-métrages d’une meilleure qualité.
Le pire, c’est que ce n’est pas drôle ! Je n’ai ri qu’à un seul gag de cinq secondes en une heure trente ! Ce qui m’amène à revenir dessus mais Jean-Pierre Jeunet : qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que je viens de voir ?