Si vous vous êtes intéressés à ce film, vous y avez été par trois chemins.
Le premier est celui du photographe David Hamilton, idéalement trouvé pour représenter Bilitis sur grand écran dans les traits de Patti d'Arbanville qui, soit dit en passant incarne Bilitis merveilleusement bien avec le peu qu'on lui donne. Hamilton est un photographe mais pas un cinéaste et même dans la photographie de son film, il n'arrive pas à trouver le mouvement de la sensualité formée au sein de la féminité. On aurait souhaité une étreinte chaude et non une luminosité à la D'amato, ou une luminosité qu'il a voulu adapter automatiquement à la cinématographie. La mise en scène manque de classe et n'émeut pas.
L'émotion, c'est le deuxième chemin : si vous avez vu Bilitis, vous avez lu cette supercherie - l'autre - Les Chansons de Bilitis de Pierre Louys, auteur qui inventa de toutes pièces, à l'aide d'un archéologue imaginaire, une jeune fille qui, désabusée par la paresse et la violence des hommes, s'était tourné vers les femmes, leur vie et leur chair. Je ne peux que faire la promotion de cette lecture qui, avec le Cantique des cantiques, suscitera quelques émois sensuels. Des paroles d'anges m'en restent encore en mémoire, seule manière d'imprégner durablement la chair ; soit il faut la meurtrir soit il faut s'en souvenir.
Du coup, j'en viens à l'histoire, celle de l'adaptation des Chansons, écrite par... une certaine Catherine Breillat. C'est le troisième chemin. Force est de constater qu'elle s'est dépatouillée comme elle pouvait pour dresser une unité dans ce film : c'est réussi pour cela mais... en plaçant, le récit à une époque moderne, Breillat omet le sacré, l'esclavagisme sexuel et la nature qui ont une charge d'enjeu et de sensualité : Bilitis vit dans l'antiquité grecque dans une époque où l'homosexualité est admise ; limite je trouve le film prude. Etonnant pour un Hamilton qui suscite la controverse. Le rapport avec Nikias, Mnasidika (qui donnera lieu à un film particulier elle aussi...) et Lukas est à côté de la plaque mais on retrouve ou plutôt on devine les phases phares et les enjeux qui animèrent l'existence de cette jeune et tendre Bilitis.
Bilitis est une supercherie à double titre : dans son cinéma et dans l'histoire littéraire.