Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes l’a suffisamment dit : il faut aller voir les films au cinéma. Ce que je trouve vrai. Mais pour BlacKkKlansman, c’est encore plus vrai.
Parce qu'il est si troublant de voir un tel degré de racisme sans discontinuité pendant les 2h08 que durent ce film, qu’on en rit. Toute la salle de cinéma ne cesse de rire.
Quand on voit David Duke, membre éminent du KKK, se moquer du « parler » des Noirs alors même qu’il discute avec un Noir sans le savoir, on rit. Quand on constate que le passe-temps des suprématistes blancs consiste à tirer sur des cibles en forme d’adolescents Noirs vêtus d’un pagne, on rit. Quand Felix, membre extrémiste parmi les extrémistes du KKK complote avec sa femme pour exterminer les Noirs des Etats-Unis, et retrouver l’Amérique blanche du bon vieux temps, on rit encore.
Et bien entendu, quand à la fin, les gentils gagnent, on applaudit ; toute la salle salue la victoire de Ron Stallworth dans la ville raciste de Colorado Springs.
Alors on s’attend à voir le générique, encore plein de la jouissance que procure ce genre de Happy End. Sauf qu’il reste deux minutes de film. Deux minutes pendant lesquelles sont montrées des images d’émeutes racistes, de torches menaçantes du KKK, de violence. Des images réelles. Des images de 2017.
Et là, plus personne ne rit. Et la salle est silencieuse.