Des années après qu'une force étrangère ait déclaré la guerre à la Suède, une escouade de soldats est chargée d'une mission capitale : transmettre deux mystérieuses capsules susceptibles de mettre fin au conflit à une base reculée. Parmi eux, Caroline Edh qui a pour espoir de retrouver sa fille au terme de ce périple désespéré...
Avec les événements actuels rappelant que le chaos belliqueux peut encore frapper à tout moment pour bouleverser la tranquillité de nos modes de vie, un film comme "Black Crab" se regarde forcément d'un œil plus grave et impliqué, d'autant plus que l'anonymat dans lequel il enferme l'envahisseur de cette Suède dévastée apporte une plus-value d'universalité à ce contexte de guerre hélas désormais si proche du réel (sans compter cette scène d'ouverture qui voit la violence du conflit faire une entrée fracassante dans le quotidien de l'héroïne).
Pour autant, si on laisse de côté la triste actualité, il faut bien avouer que ce film d'action apocalyptique n'a en réalité que pour seule grande caractéristique inédite d'utiliser pleinement le cadre glacé suédois, en magnifiant ses vastes étendues traversées par les soldats jonchés sur des patins afin d'atteindre leur lointain objectif. Lors de ses phases sur une mer de glace où les fissures ne deviennent qu'un danger mortel parmi tant d'autres en temps de guerre, "Black Crab" sait incontestablement nous en mettre plein les mirettes avec ses décors désolés mais magnifiques, où l'obscurité et la lumière se disputent pour en changer les contours et multiplier l'arrivée surprise de menaces prêtes à décimer l'escouade. Sur ce point, il faut évidemment saluer la qualité de la mise en scène d'Adam Berg et la direction artistique plutôt soignée du film en général pour mêler l'atmosphère de guerre à cet environnement si particulier dans des plans qui font toute la saveur originale du film. Car, pour le reste, "Black Crab" se repose essentiellement sur des ressorts classiques du genre, avec une trame sans grande surprise mais qui a le mérite d'être au moins traversée par des morceaux de bravoure solides et habitée par des personnages plutôt bien campés (Noomi Rapace en tête bien sûr, impeccable comme à son habitude) à défaut de briller par leur inventivité.
Le film remplit donc son contrat de divertissement guerrier grâce en grande partie à son dépaysement rafraîchissant venu du grand nord, sa première partie est d'ailleurs à ce titre la plus prenante, "Black Crab" montrant ensuite de sérieux signes d'essoufflement en direction d'un dernier acte beaucoup trop convenu pour le bien de sa propre survie dans nos mémoires.
Pas de pinces d'or à décerner à ce crabe noir mais la compagnie de ce crustacé militaire et de son amie Rapace pendant près de deux heures aura été loin d'être déplaisante en attendant un film plus original.